La rechute des matières premières entame le crédit des producteurs

Barrick Gold voit des efforts de désendettement menacés par la baisse des cours de l’or. Les spreads des petits pétroliers américains décalent.
Alexandre Garabedian

Le nouvel accès de faiblesse des prix de l’énergie et des métaux met les sociétés pétrolières et minières sous pression. Le plongeon de l’or à ses plus bas niveaux depuis cinq ans lundi, à 1.096 dollar l’once, a provoqué une chute de 9,2% de l’indice Bloomberg des 15 principales sociétés aurifères. La violence de la correction, de plus de 4% en une séance, avant la remontée des cours hier, est attribuée à des flux financiers. Mais des éléments de fond – hausse du dollar, moindre demande de la Chine – poussent à une baisse tendancielle des prix.

Le numéro un mondial du secteur, Barrick Gold, est le plus exposé. Depuis le 16 juillet, ses CDS 5 ans se sont écartés de 75 points de base, à 262 pb, selon les données de Markit. Le groupe canadien porte une dette de 12,9 milliards de dollars, qu’il s’est engagé à réduire de 3 milliards grâce à des cessions d’actifs. Il travaille notamment à la vente d’une part de 50% dans sa mine de Zaldivar, au Chili. Un objectif que la chute des cours de l’or pourrait remettre en cause. «Il devient de plus en plus dur de céder ces actifs à un prix raisonnable si les prix du métal baissent», estiment les analystes de Macquarie.

La note de Barrick Gold a été dégradée à «BBB-» chez Standard& Poor’s, à la limite de la catégorie spéculative. L’agence estime que le levier du groupe restera supérieur à 3 fois l’Ebitda en 2016. Pour sauver son rating, Barrick Gold pourrait opter pour une augmentation de capital, mais l’environnement boursier ne s’y prête guère. Son action a plongé de 32% en 2015, et de 86% depuis septembre 2011, quand l’or avait atteint son pic.

Hors du secteur aurifère, les émetteurs souffrent aussi. Les CDS de BHP Billiton, stables sur la semaine, sont au plus haut depuis un an, alors que le premier producteur de minerai de fer au monde a annoncé le 15 juillet de nouvelles dépréciations d’actifs. Dans le secteur pétrolier, le recul de 17% sur un mois du prix du baril de brut WTI pousse les rendements des obligations high yield à la hausse aux Etats-Unis. «Le secteur de l’exploration-production pétrolière, qui pèse 9% de l’indice high yield américain, a passé les 10,5% de rendement cette semaine, un niveau associé à des crédits stressés», soulignent les analystes d’UBS. «L’histoire montre que les entreprises de l’énergie font défaut 9 à 12 mois après le déclin des prix, quand les couvertures tombent et que toutes les lignes de liquidité ont été utilisées», ajoutent-ils.

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