La prise de contrôle totale de Scania par Volkswagen est contestée en Suède

Des minoritaires soulignent la moindre rentabilité du constructeur automobile allemand et de sa filiale de poids lourds MAN par rapport à Scania
Yves-Marc Le Réour

L’offre en numéraire de Volkswagen (VW) sur les 37,4% du capital de Scania échappant encore à son contrôle ne fait pas l’unanimité parmi les actionnaires minoritaires de sa cible. Le groupe allemand doit pourtant sécuriser 90% du capital du fabricant suédois de camions pour lancer une procédure de retrait obligatoire lui permettant de monter à 100%. Le conseil d’administration de Scania a indiqué qu’un comité spécial, qui ne comprendra aucun membre de VW, sera chargé d’évaluer la proposition de rachat et d’émettre une recommandation sur l’offre à une date ultérieure.

Le prix payé de 6,7 milliards d’euros fait certes ressortir une prime significative (36% pour l’action de classe B et 38% pour l’action de classe A) par rapport aux cours de clôture du constructeur suédois vendredi dernier. «Nous avons du mal à comprendre l’intérêt de la transaction puisqu’il a été confirmé que Scania, MAN et la division véhicules commerciaux de VW resteront des sociétés indépendantes», estime cependant Arndt Ellinghorst, responsable de la recherche automobile chez ISI Group à Londres.

Skandia, actionnaire à hauteur de 0,75% de Scania, juge de son côté que le constructeur suédois «préservera mieux son leadership comme société cotée qu’en tant que filiale d’un groupe élargi». Le bancassureur n’apportera donc pas ses titres à l’offre. Outre l’horizon lointain (10 à 15 ans) des synergies promises par l’acquéreur pour un montant estimé à 650 millions par an, c’est la moindre rentabilité opérationnelle de VW (5,9% l’an dernier) et surtout de sa filiale de poids lourds MAN (marge de 0,4% sur 9 mois) par rapport à Scania (9,7% sur l’ensemble de 2013) qui rebute certains investisseurs.

VW va initialement puiser dans son abondante trésorerie (16,9 milliards d’euros en montant net à fin décembre, hors activités financières) pour financer cette opération. Mais sa décision de refinancer 75% du montant de la transaction en émettant des actions préférentielles et des titres hybrides, à hauteur de respectivement 2 milliards et 3 milliards d’euros, souligne «l’approche très conservatrice du groupe sur sa structure capitalistique, qui contrebalance son appétit de croissance externe quelque peu agressif», commente CreditSights. Pour les analystes d’Equinet, l’augmentation de capital «aboutira à un accroissement de 2 à 3% du nombre d’actions en circulation».

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