La dérive financière de DCNS va lester les comptes de Thales jusqu’en 2016

Les pertes du chantier naval, détenu à 35% par Thales, vont amputer de 100 millions d’euros le résultat d’exploitation du groupe en 2014.
Olivier Pinaud

Le tandem Proglio-Caine sait ce qui l’attend. Le président et le directeur général de Thales, nommés après le départ l’an dernier de Jean-Bernard Lévy pour EDF, vont devoir s’atteler au redressement de DCNS, dont le groupe de défense détient 35% du capital aux côtés des 63,58% entre les mains de l’Etat. Les comptes du constructeur naval miliaire ont violement dérapé notamment sous l’effet d’une ambitieuse mais hasardeuse politique de diversification.

La perte nette de DCNS devrait atteindre 300 millions d’euros pour 2014, sous l’effet de provisions. En 2013, il avait dégagé un bénéfice net de 104 millions d’euros.

Pour Thales, l’impact est conséquent. Sa quote-part dans DCNS va amputer de 100 millions d’euros son résultat d’exploitation pour 2014, alors que le groupe de défense s’attendait initialement à une contribution proche de zéro. «Je pense que pour 2015, nous pouvons nous attendre à une contribution nulle de DCNS et ensuite à un redressement», a précisé lors d’une conférence téléphonique Pascal Bouchiat, le directeur financier de Thales.

DCNS paye notamment sa participation au projet de réacteur expérimental Jules Horowitz du Commissariat à l'énergie atomique à Cadarache. Le chantier naval s’est également lancé dans la construction d’un petit réacteur nucléaire sous-marin ainsi que dans une série de projets dans l'énergie marine renouvelable dont la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous. Mais la diversification n’est pas seule en cause. Les coûts du programme de sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda ont dérivé. «Sur les programmes navals, les audits ont mis en évidence une augmentation des coûts à terminaison, tout particulièrement sur le programme de sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda pour la France», a reconnu Thales, soulignant que DCNS aurait désormais «une approche plus prudente sur ce type de programme».

L’amélioration de la rentabilité opérationnelle, qui figurait dans la feuille de route confiée au nouveau PDG Hervé Guillou lors de sa nomination en août 2014, constitue donc plus que jamais la priorité de DCNS. Une nouvelle équipe de direction a été constituée début janvier. Objectif: simplifier le fonctionnement, renforcer la maîtrise industrielle des projets et développer les exportations. Un nouveau plan stratégique doit être présenté d’ici fin juin. Certains projets de diversification pourraient être abandonnés.

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