
La course au «cloud souverain» s’accélère

L’arrivée d’un nouvel acteur tricolore du stockage de données informatiques (cloud) pourrait bien bousculer le marché encore émergent du cloud de confiance. Mercredi 26 octobre, quatre entreprises françaises ont annoncé conjointement une nouvelle offre de « cloud souverain », dont le lancement est prévu courant 2023. Elle sera portée par un consortium idoine, baptisé Numspot. Cette offre visera plus particulièrement les grandes entreprises, banques et assurances tricolores, ainsi que les collectivités territoriales, qui ont potentiellement des données sensibles exposées aux risques de cyberattaques.
Le sujet est d’autant plus crucial pour les établissements financiers avec l’entrée en vigueur prochaine du règlement sur la résilience opérationnelle numérique dans le secteur financier (Dora), imposant des normes aux banques, et qui englobe les prestataires de cloud.
Ce sera donc la première offre 100% française, portée par quatre acteurs de taille : la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts), l’industriel Dassault Systèmes, l’opérateur Bouygues Telecom, ainsi que Docaposte, l’entreprise de services du numérique (ESN) du groupe La Poste.
Première offre 100% française
Elle dispose de plusieurs atouts. «C’est le premier consortium franco- français offrant des services d’hébergement «cloud de confiance», reconnus comme fiables et sécurisés : elle reposera sur les infrastructures d’Outscale qui disposent déjà du label SecNumCloud, et seront enrichies par les services de confiance numérique de Docapost», salue Imène Kabouya, spécialiste de la transformation numérique de la sphère publique au sein du cabinet de conseil Wavestone. De fait, Numspot est un des rares prestataires à avoir décroché le label SecNumCloud. Ce label de confiance gouvernemental, délivré par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), est octroyé aux fournisseurs de services de cloud garantissant le meilleur niveau de sécurité.
Docaposte apporte aussi ses atouts, avec dans son escarcelle ses fondamentaux d’un service numérique « de confiance » (identité numérique, coffre-fort électronique, signature électronique). Et il pourrait bientôt être dirigé par Guillaume Poupard, qui s’apprête à quitter la vigoureuse Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), selon les informations de la Lettre A.
Numspot pourrait en outre devancer le lancement des services des deux alliances franco-américaines, S3ns (Google et Thales) et Blue (Microsoft, Orange et Capgemini), attendus pour 2024.
Garantir la protection des données sensibles
Dans un communiqué conjoint, Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot ont salué l’initiative Numspot, soulignant que la stratégie française en matière de cloud vise à « soutenir l’offre française et européenne pour que des champions émergent et encourager les coopérations industrielles garantissant à la fois qualité de service et la protection des données ».
De fait, le gouvernement pousse pour qu’émergent des solutions françaises de cloud – avec à la clé la garantie d’un stockage sur des serveurs en Europe de données particulièrement sensibles. En mai 2021, avait déjà présentée une stratégie nationale pour le cloud reposant sur un label de confiance pour les prestataires.
Mais tous les clients potentiels auront en tête « la question de la pérennité des offres, au vu des précédents avortés des projets Numergy et Cloudwatt », estime Imène Kabouy - soit le projet Numergy, monté par SFR, Bull et la Caisse des dépôts, et son concurrent Cloudwatt, poussé par l’opérateur public Orange.
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