La complexité de la galaxie Bolloré séduit Muddy Waters

Pour la première fois de son histoire, le hedge fund, traditionnellement vendeur, est long sur la holding. Notamment pour la complexité de sa structure.
Antoine Landrot
Vincent Bolloré, particulièrement loué par Carson Block, le fondateur de Muddy Waters. Photo Bloomberg.
Vincent Bolloré, particulièrement loué par Carson Block, le fondateur de Muddy Waters. Photo Bloomberg.  - 

Quelle mouche a donc piqué Muddy Waters? Habitué aux rapports d’analyse au vitriol, le hedge fund, spécialisé dans les prises de position vendeuses et des méthodes de dénigrement agressives, vient de rendre publique sa première position longue (à l’achat). L’heureux bénéficiaire de ce traitement de faveur n’est autre que le groupe Bolloré.

Carson Block, le fondateur de Muddy Waters, est particulièrement laudateur: il évalue le potentiel de l’action Bolloré supérieur de 94,6% à son cours du 17 février (4,31 euros) – soit un titre à 8,5 euros.

Paradoxalement, l’une des raisons pour laquelle Muddy Waters a jeté son dévolu sur Bolloré est le motif pour lequel de nombreux investisseurs hésitent à investir dans ce conglomérat: sa structure extrêmement compliquée, voire opaque. Ses activités vont de la voiture électrique à la logistique, en passant par la publicité (à travers le groupe Havas), la production agricole, les plastiques et les papiers spéciaux. Elles sont exercées par des sociétés partiellement ou totalement contrôlées par une cascade de holdings de participations (Financière de l’Odet, Financière Moncey, Plantations des Terres Rouges, Compagnie du Cambodge...).

Là réside le lièvre, selon le fonds: «Nous sommes longs sur Bolloré parce que son organisation compliquée, aux multiples niveaux de participations croisées, annule effectivement plus de la moitié de ses actions en circulation», écrit Muddy Waters, qui a eu recours à de nombreux consultants pour démêler l’écheveau. En d’autres termes, Bolloré contrôle 57,2% de ses propres actions à travers plusieurs entités intermédiaires. «Cela signifie que le public possède en réalité 42,8% du groupe, contre les 24,3% annoncés». Autre conséquence, «la NAV [actif net réévalué, ANR] par action est 2,2 fois supérieure à ce que le marché pense. [...] A partir d’une NAV estimée à 10,63 euros par action, et en appliquant une décote de holding de 20%, nous estimons que l’action Bolloré vaut actuellement 8,5 euros», indique le fonds.

Carson Block est d’autant plus confiant dans le potentiel de la plupart des sociétés contrôlées par la galaxie Bolloré, qu’il accorde une grande valeur au «Carl Icahn français», à qui il adresse ses louanges. «Vincent Bolloré est un allocateur de capital exceptionnel; il a fait progresser le cours de l’action et la valeur comptable du groupe de 1.213% et 1.953% respectivement, au cours des vingt dernières années». Son titre s’est adjugé 2,5% hier, à 4,59 euros.

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