La coentreprise de KPN dans la fibre optique met fin aux espoirs d’OPA

Le gestionnaire de fonds de pension APG va acquérir pour 440 millions d’euros 50% de la nouvelle entité en charge d’accélérer le maillage des Pays-Bas.
Yves-Marc Le Réour

KPN a choisi de s’appuyer sur un investisseur institutionnel pour densifier la couverture des Pays-Bas en fibre optique. L’opérateur télécoms a conclu un accord stratégique avec APG afin de créer une coentreprise détenue à parité par les deux groupes. Filiale d’ABP, le plus important fonds de pension du pays, APG apportera un financement en fonds propres totalisant 440 millions d’euros avant impôts pour permettre à la nouvelle entité de raccorder à la fibre optique 685.000 ménages supplémentaires et 225.000 entreprises d’ici à 2026, principalement dans des zones à densité moyenne de population. KPN poursuivra en parallèle son programme existantqui porte sur 2,5 millions de foyers à l’horizon 2025. Il devrait donc ainsi être en mesure de raccorder 80% des huit millions de foyers néerlandais en moins de six ans, contre une proportion de 34% raccordable à fin 2020.

«Avec cette coentreprise, nous allons accélérer le déploiement de la fibre optique et réduire les longs délais d’attente dans les petites localités et les zones d’activités économiques», a commenté Joost Farwerck, directeur général de KPN. Cela devrait également avoir un effet positif sur les économies liées à la mise hors service de son réseau traditionnel en cuivre. Dans le détail, APG paiera à KPN un montant initial de 220 millions d’euros et le solde de sa contribution fera l’objet d’un versement annuel en fonction du rythme de déploiement de la fibre optique. Le montant des fonds propres de la coentreprise, soit 880 millions d’euros, fait ressortir une valeur de 970 euros par abonné. Son programme d’investissement, qui s’élèvera à 1,2 milliard d’ici à 2026, sera financé à hauteur d’environ 70% par le biais d’une dette sans recours.

L’opération, soumise à un aval réglementaire, devrait permettre à la coentreprise d’être opérationnelle avant la fin du deuxième trimestre 2021. La société n’entrera pas immédiatement dans le périmètre de consolidation de KPN mais ce dernier dispose d’une option d’achat sur une action qui lui permettra d’en obtenir le contrôle ultérieurement. Il est prévu que la coentreprise «distribue un dividende à ses actionnaires lorsqu’elle générera un flux de trésorerie positif», ce qui est attendu à partir de la cinquième année suivant la clôture de la transaction, précise KPN. Son partenaire APG, dont les actifs sous gestion s’élevaient à 575 milliards d’euros à la fin de l’an dernier, représente 4,7 millions de cotisants répartis dans plus de 30.000 entreprises aux Pays-Bas. Présent dans le secteur des infrastructures depuis 2004, il gère en direct pour le compte de ses clients, qui sont tous des fonds de retraite, plus de 35 participations dans l’énergie, les services collectifs, les télécoms et les réseaux de transport.

L’action KPN a clôturé en recul de 1,2% à 2,87 euros, les investisseurs estimant que cet accord diminuera les chances d’une éventuelle OPAsur l’opérateur télécoms. A l’automne dernier, le titre, qui stagnait aux alentours de 2,20 euros, avait bénéficié de rumeurs selon lesquelles le groupe de capital investissement suédois EQT avait approché KPN en vue d’en prendre le contrôle. Depuis lors, America Movil, contrôlé par l’homme d’affaires mexicain Carlos Slim, a relevé à 20% le niveau de sa participation dans KPN. Le gouvernement néerlandais a par ailleurs durci en octobre sa réglementation sur les infrastructures télécoms, considérées comme vitales pour le royaume, ce qui lui donne un droit de veto sur toute tentative de rachat par un investisseur étranger.

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