
Jacques Cornic : «KPMG va accélérer les acquisitions technologiques»

L’Agefi : Comment s’articule la stratégie de KPMG France ?
Jacques Cornic : La nouvelle gouvernance de KPMG en France, avec la nomination de Marie Guillemot à sa tête en mai 2021, veut donner toute sa place aux métiers du conseil. Ils pèsent déjà près de la moitié de l’activité sur les grands comptes en France sans compter le conseil juridique et fiscal, le reste étant constitué du métier historique de l’audit et de certification des comptes. Le conseil se subdivise entre les activités de Deal et les activités de Consulting dont j’assume plus directement la responsabilité.
Dans nos métiers de conseil, nous visons une croissance annuelle à deux chiffres sur le moyen terme, avec la volonté de gagner des parts de marché grâce à des synergies entre les activités Deal sur lesquelles nous sommes leader en France, et les autres activités du consulting (Finance, Risque Opérations, Technologie…).
Pourquoi mettez-vous l’accent sur le consulting ?
Nous voulons faire du consulting le fer de lance du cabinet en France, avec une progression annuelle de 15% de notre chiffre d’affaires, soit un doublement en quatre ans. Nous nous sommes fixé trois priorités. D’une part, accélérer sur les enjeux technologiques essentiels pour les projets qu’engagent nos clients. D’autre part, les services financiers, notamment auprès des banques et assureurs. Nous voulons croître sur ce segment où nous n’avons pas encore atteint notre part de marché naturelle. Enfin, l’ESG. Les demandes de transformation de nos clients positionnés sur l’ESG s’accélèrent pour répondre aux attentes de leurs parties prenantes, mais également pour demeurer un employeur attractif.
Quels leviers comptez-vous activer pour mettre en œuvre vos priorités ?
Primo, nous allons recruter plus de 500 consultants cette année, ainsi que renforcer la formation de nos collaborateurs. Nous recherchons des profils très technologiques (experts data, cloud, cyber…) mais aussi des profils plus classiques (financiers, spécialistes des risques, etc.). Secundo, nous allons accélérer la croissance externe, pour acquérir des compétences technologiques et ESG. Nous recherchons des cibles reconnues en particulier sur les technologies telles que Microsoft, SAP ou Salesforce, en lien avec notre stratégie d’alliance au niveau mondial. L’élargissement du champ des compétences portées par le consulting fait suite à des opérations déjà réalisées dans les domaines RH, supply chain, blockchain et cryptos.
La croissance du consulting implique de combiner de nombreuses compétences tant technologiques que fonctionnelles, pour répondre aux attentes de nos clients. Il est devenu compliqué pour les plus petits cabinets de se positionner auprès d’acteurs demandant un large spectre de compétences, ce qui explique la tendance de concentration que nous observons sur le marché
Pourquoi une entreprise ferait-elle appel à vos services ?
Les sociétés font le choix d’un consultant externe en premier lieu pour sécuriser leur projet. Le prix est aujourd’hui le dernier critère des donneurs d’ordre, qui demandent avant tout la sécurité, la qualité du service, et la vitesse de mise en œuvre du projet de transformation. Les clients comprennent bien que l’arbitrage sur le coût de la prestation externe est marginal par rapport aux enjeux financiers d’un projet qui dérape ou échoue.
Les cabinets qui se positionnent sur l’axe de la qualité du service doivent pouvoir recruter et fidéliser les équipes et ainsi appliquer des hausses des tarifs à l’aune de la pénurie des talents sur le marché. Après plusieurs années de stabilisation, voire de baisse des prix, nous abordons un cycle de hausse des honoraires, qui s’accompagne, bien sûr, d’une exigence de la qualité.
En capitalisant sur nos solutions développées à l’international et en France, nous pouvons répondre aux enjeux de nos clients. Tous n’avaient pas encore pris le virage de ladigitalisation, mais la crise Covid a provoqué une prise de conscience et une accélération, pour faire face à des enjeux d’efficacité, d’expérience client et collaborateur et aussi attirer les jeunes diplômés.
Comment attirer de nouveaux talents ?
Nous recrutons de jeunes diplômés d’écoles d’ingénieur et de commerce, et consacrons 6% à 7% de notre chiffre d’affaires à la formation continue de nos collaborateurs et proposons d’ailleurs certaines formations certifiantes. Un programme de formation ESG à l’attention de tous nos collaborateurs sera déployé dès la rentrée. Nous avons adopté le télétravail – 2 à 3 jours par semaine – et l’adaptons aux demandes de nos clients en nous reposant également sur une forte responsabilisation de nos équipes.
Les jeunes recrues demandent plus de sens à leur travail et veulent s’engager dans des actions concrètes. Sur la base de cette priorité, nous proposons à nos collaborateurs d’accompagner, par exemple, une association 6 jours par an via notre programme de mécénat de compétences ou libérons 15 jours de réserve militaire par an pour nos réservistes.
Quelles actions permettent de fidéliser vos collaborateurs ?
Historiquement, le turn-over chez KPMG était plutôt inférieur à celui du marché. Après une période de baisse pendant les confinements, nous constatons une accélération des mouvements en sortie de Covid. Il s’agit d’un phénomène de rattrapage qui nous invite à renouveler notre promesse employeur. Avec les actions initiées, nous devrions très rapidement revenir à des niveaux plus habituels.
Nous veillons à un équilibre des diversités dans nos équipes. À ce titre, nous sommes engagés pour améliorer le taux de rétention de nos collaboratrices et prenons des mesures concrètes par exemple autour de la parentalité. Cela se traduit par une accélération sensible du nombre de femmes à des postes de management chez KPMG.
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