
Imerys trébuche sur une norme comptable

L’effet «lithium» retombe un peu pour Imerys. Après s’être envolée de 40% en un mois, portée notamment par l’annonce d’un mégaprojet de production de la terre rare indispensable aux constructeurs de batteries, l’action du spécialiste des minéraux industriels a plongé de 6,7% le 2 novembre. Les investisseurs ont profité de la publication des comptes trimestriels du groupe pour prendre des bénéfices. D’autant que le groupe a indiqué que son Ebitda (excédent brut d’exploitation) courant de l’exercice 2022 serait affecté par la cession de sa division Solution de hautes températures (HTS).
Dans un communiqué, Imerys a confirmé sa prévision d’Ebitda courant comprise «entre 810 millions et 840 millions d’euros pour l’ensemble de l’année 2022 avant retraitement IFRS 5». En vertu de cette norme comptable, l’activité HTS, dont la cession a été annoncée en juillet dernier, «est classée dans les opérations abandonnées en 2022 et 2021 et n’est plus comptabilisée dans les données publiées» du segment Réfractaires, Abrasifs & Construction, a précisé Imerys. Après retraitement IFRS 5, Imerys anticipe un Ebitda courant compris entre 690 millions et 710 millions d’euros.
Le groupe avait annoncé en juillet avoir engagé des négociations exclusives avec le fonds d’investissement Platinum Equity en vue de la cession de HTS pour un montant d’environ 930 millions d’euros. Cette division, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 801 millions d’euros en 2021, emploie 2.800 personnes. «Au premier abord, le marché pourrait être surpris par la déconsolidation de Calderys rendant la publication difficile à lire, ainsi que par une baisse des volumes plus marquée» qu’attendu, observe Oddo BHF, dans une note publiée mercredi.
Volumes en berne
Au troisième trimestre, l’Ebitda courant du groupe a progressé de 15%, à 193 millions d’euros, tandis que son chiffre d’affaires a augmenté de 20,8% à 1,11 milliard d’euros en données publiées. La croissance organique du chiffre d’affaires s’est établie à 13,3% au troisième trimestre. Sur les neufs premiers mois de l’année, les volumes de vente ont baissé de 4,3%. Lors d’une conférence téléphonique avec des analystes, Alessandro Dazza, le directeur général d’Imerys, a expliqué cette évolution par la crise ukrainienne et les sanctions économiques internationales prises à l’encontre de la Russie, mais également par la politique «zéro Covid» de la Chine, et la faiblesse du secteur automobile. Sur le seul troisième trimestre, le recul des volumes s’est accentué à -8,7%, alors que «plusieurs marchés européens continuaient à marquer le pas», a indiqué le dirigeant. «Dans une conjoncture macroéconomique dégradée, particulièrement en Europe, notre discipline tarifaire alliée à une gestion rigoureuse des coûts devrait continuer à contrebalancer au quatrième trimestre la hausse de nos coûts de production et la décélération des volumes», a souligné Imerys dans un communiqué.
La société est par ailleurs en discussions en vue de la cession de ses actifs servant les marchés du papier à la société d’investissement Syntagma Capital pour une valeur d’entreprise de 390 millions d’euros. «La cession envisagée a conduit à la constatation d’une perte liée à un écart d’acquisition de 99 millions d’euros dans le compte de résultat consolidé des neuf premiers mois de 2022 du groupe», a indiqué Imerys mercredi.
Virage dans le lithium
«L’essentiel reste la transformation en profondeur marquée par les cessions de Calderys et du papier pour financer un virage dans la production de lithium», estime Oddo BHF. «Ces grandes manœuvres ont déjà commencé à réveiller la belle endormie» et «permettront de réduire la cyclicité du groupe tout en le recentrant sur l'électrification des véhicules», conclut le bureau d'études, qui a maintenu son opinion «surperformance» sur la valeur, avec un objectif de cours de 55 euros.
Imerys présentera son plan de développement pour la période 2023-2025 lors d’une journée dédiée aux investisseurs le 7 novembre prochain.
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