
IFRS 5 remet en cause la confidentialité des affaires
En ces temps de restructuration, les entreprises doivent souvent céder des actifs. Dans la cadre de ce processus, elles doivent mettre en œuvre la norme IFRS 5 sur les «actifs non courants détenus en vue de la vente et activités abandonnées». Cette norme, voulue par les analystes pour pouvoir mieux appréhender les comptes post-cessions, peut paraître simple mais doit être bien anticipée a expliqué Sandra Dujardin, associée BM&A lors d’une conférence de l’association de gestion financière, IMA France.
Sont concernés les actifs non courants pris isolément et les groupes d’actifs, destinés à être cédés ou à être distribués aux actionnaires, et les activités abandonnées. Un périmètre parfois difficile à définir, notamment dans le cas d’une scission (carve out). En effet, «il faut transformer les informations opérationnelles en informations comptables», explique Antoine Lanusse, à la direction de la consolidation de Kering.
L’actif doit être immédiatement disponible à la vente, sa cession doit être hautement probable, et sa valeur comptable doit être principalement recouvrée par sa cession plutôt que par son utilisation, pour entrer dans le champ de la norme.
L’évaluation doit être faite au plus faible de la valeur nette comptable ou de la juste valeur nette des frais de cession. Autrement dit, le prix de cession est mentionné alors qu’il n’est même pas fixé. IFRS 5 remet ainsi en cause la confidentialité de l’opération. Pourtant «la norme n’aborde pas ce point; c’est un vrai problème», ajoute Antoine Lanusse. D’autant que les informations exigées en annexe – description de l’actif à vendre, de son secteur opérationnel, du profit ou de la perte réalisée par cette activité, des modalités et de l’échéancier – relèvent également du secret des affaires, l’opération n’étant pas finalisée. L’enjeu de communication est d’autant plus important. Sans minorer l’impact d’une telle information sur le cours de Bourse.
Par ailleurs, seuls les passifs liés aux actifs à céder et objets de la même transaction peuvent être pris en compte. Toutefois, l’analyse doit se faire aussi au cas par cas au niveau des comptes consolidés. Si certains passifs de la mère entrent dans le champ d’IFRS 5, d’autres non. Ainsi les passifs liés au financement de l’activité à céder restent au niveau de la mère, ce qui peut poser des problèmes sur les covenants, surtout si l’activité dégage beaucoup d’Ebitda.
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Le député de Guadeloupe, Olivier Serva, acquiert la nationalité béninoise pour dénoncer la xénophobie en France
Paris - Pour dénoncer la montée d’un climat xénophobe en France, le député de Guadeloupe Olivier Serva a décidé de devenir binational: il a acquis la citoyenneté béninoise profitant d’une loi votée dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pour les descendants d’esclaves. Depuis 2024, le Bénin permet à toute personne ayant un ancêtre africain déporté durant la traite transatlantique la possibilité d’acquérir sa nationalité. Ses côtes furent l’une des plaques tournantes du commerce triangulaire organisé par les puissances européennes. Plusieurs Afro-descendants ont déjà pu bénéficier de cette loi, dont des célébrités, comme la chanteuse américaine de R’n’b Ciara. A 51 ans, Olivier Serva a également souhaité prendre la nationalité béninoise, après avoir foulé pour la première fois le sol de ce pays en janvier, comme il l’explique à l’AFP. Le Bénin recouvre une partie de l’ancien plateau du Dahomey d’où une partie de ses ancêtres sont originaires: son ascendance a pu être établie grâce à des tests génétiques et des recherches généalogiques. Sur place, l'élu s'émerveille d’un «pays en chantier avec un potentiel incroyable», où persiste certes de la pauvreté mais résolument «tourné vers l’avenir». Face au palais présidentiel à Cotonou, où trône désormais une statue en bronze de plus de 30 mètres représentant une amazone, ces femmes guerrières qui ont combattu les troupes coloniales françaises au XIXème siècle, le député dit avoir été profondément ému. «Porte du Non-Retour» Mais bien plus encore, lorsqu’il parcourt à Ouidah (ville côtière du Bénin) et la «route des esclaves», qui conduit jusqu'à la Porte du Non-Retour, une structure en béton et bronze qui commémore la déportation des esclaves. Sur ces quatre kilomètres, plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants furent conduits, souvent pieds nus et enchaînés, vers les bateaux négriers qui les emportaient dans un exil sans retour. «Penser que vos aïeux sont passés par là, j’en suis sorti bouleversé.» De retour en France, le député qui siège à l’Assemblée nationale depuis 2017, d’abord sur les bancs macronistes puis sur ceux du groupe Liot (centre), se heurte à la montée d’un climat xénophobe. «Français de papiers», «submersion migratoire»... Olivier Serva dresse la longue liste «des mots ou propos racistes qui ne disent pas leur nom» entretenus notamment, accuse-t-il, par le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. «La France doute, et il faut trouver un bouc émissaire. L'étranger est tout trouvé, tout désigné», regrette l'élu. Pour certains, «les supposés maux de la France viendraient des Africains, ce que je trouve tout à fait injuste lorsque l’on se penche sur notre histoire», explique Olivier Serva qui a co-fondé un petit parti centriste Utiles, émanation du groupe Liot. «En tant que député français, je veux affirmer avec fierté à mes homologues députés d’abord, mais à la France en général, que je suis fier aussi d'être Africain». C’est l’une des raisons pour lesquelles «j’ai décidé de demander la nationalité», obtenue le 21 mai par décret signé de la main du président béninois Patrice Talon. Spike Lee, ambassadeur Depuis sa première élection en 2016, Patrice Talon a fait du tourisme mémoriel et du renforcement des liens avec la diaspora africaine et des Afro-descendants l’un des leviers de sa politique économique, à l’instar du Ghana, son voisin anglophone. Il a ainsi nommé en juillet le réalisateur américain Spike Lee et sa femme, la productrice et avocate Tonya Lewis Lee, «ambassadeurs thématiques de la République du Bénin auprès de la diaspora Afro-descendante des Etats-Unis d’Amérique». La modernisation du Bénin s’est aussi accompagnée d’un virage autoritaire, ses principaux opposants sont désormais en exil ou en prison. Interrogé sur ce recul démocratique, Olivier Serva répond: «Ce n’est pas ce que j’ai vu (...) J’ai plutôt vu un Président Patrice Talon qui a fait deux mandats, qui ne se représente pas en 2026 et ne s’accroche pas au pouvoir». Un proche de M. Talon, son ministre de l’Economie Romuald Wadagni, sera alors le candidat de la coalition au pouvoir pour la présidentielle. Camille MALPLAT © Agence France-Presse -
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