Free entre dans une nouvelle dimension

L’accord trouvé ce week-end avec Bouygues Telecom a propulsé le groupe de Xavier Niel à des niveaux de valorisation records
Olivier Pinaud

Tout arrive dans les affaires. Ne manquant jamais l’occasion de railler Martin Bouygues, Xavier Niel est devenu le meilleur lobbyiste du PDG du groupe de construction. Lors de la présentation des résultats d’Iliad hier, le fondateur de Free a dit tout le bien qu’il pense de l’offre de rachat de SFR par Bouygues Telecom (BT) : «Il y a une hypothèse favorable au consommateur, au marché, et à la France, c’est celle du rachat de SFR par Bouygues. A l’inverse, si Altice rachète SFR c’est alors un monde parfait pour Free mais exécrable pour le consommateur, le marché et la France».

Homme des télécoms, Xavier Niel manie aussi très bien les chiffres. Et sur ce point, une fusion BT-SFR lui serait extrêmement favorable. Pour passer l’épreuve de l’Autorité de la concurrence, BT a accepté de vendre à Free son réseau mobile pour seulement 1,8 milliard d’euros. Une excellente affaire patrimoniale. Les actifs de BT sur lesquels Iliad pourrait mettre la main étaient récemment valorisés, sans prime, 2,8 milliards d’euros par Oddo.

L’opération serait une très bonne affaire industrielle aussi, le réseau de BT étant le plus développé en 4G. «On nous donne les outils pour aller nous battre contre deux monstres», Orange d’un côté et le potentiel futur numéro un SFR-BT, lance Xavier Niel. Ce dernier ne manquerait pas de profiter des désagréments créés par la fusion entre les numéros deux et trois du marché pour aller chercher des clients au-delà des 8 millions gagnés en deux ans. Enfin, ce réseau permettrait d’économiser les 600 millions d’euros par an que Free Mobile reverse chaque année à Orange pour avoir le droit d’utiliser son réseau mobile le temps de construire le sien. Avec un effet bénéfique sur les marges et le cash-flow opérationnel. En trois ans, il pourrait augmenter de plus de 15%, selon UBS, de quoi compenser la hausse de la dette.

Fin 2014, le ratio de dette nette sur Ebitda pourrait monter à 2,4 fois, selon les estimations de Raymond James ou d’UBS. Mais avec la hausse des cash-flows il retomberait sous la barre de 1 fois en 2017. Plutôt que d’inquiéter, le possible investissement de 1,8 milliard d’euros a rassuré sur la réussite industrielle et financière de Free Mobile.

Le cours de l’action Iliad a touché en séance un record hier à 222,85 euros (+17%), soit une capitalisation de plus de 12,8 milliards d’euros, 9 fois l’Ebitda estimé pour 2014. Un multiple record pour un opérateur.

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