
Euroapi devra s’affranchir davantage de Sanofi pour reconquérir le marché


Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. Introduit en Bourse avec succès en mai dernier, le titre Euroapi s’est effondré mercredi de près de 22% à 12,52 euros, un niveau loin du record de 19,02 euros atteint en octobre dernier et proche de son prix d’introduction en Bourse de 12 euros.
Les investisseurs qui avaient misé sur les perspectives florissantes de l’ex-filiale de Sanofi, spécialisée dans la fabrication de principes actifs - ces substances qui confèrent aux médicaments leurs propriétés thérapeutiques -, ne pardonnent pas des objectifs jugés décevants. «La pression sur l’action s’explique par les objectifs 2023 un peu faibles et par le décalage de l’objectif de marge ‘Core Ebitda’ à 2026», commente Martial Descoutures, analyste chez Oddo BHF.
Pour 2023, le groupe table sur une croissance du chiffre d’affaires comprise entre 7% et 8% et sur une marge de «Core Ebitda» comprise entre 12% et 14%. Le «Core Ebitda» d’Euroapi correspond au résultat opérationnel consolidé avant dépréciations et amortissements et hors coûts de restructuration. Euroapi a par ailleurs reporté d’un an son objectif d’une marge supérieure à 20%. Ce niveau devrait être atteint en 2026 et non en 2025, comme anticipé précédemment par le groupe. En 2025, cet indicateur est attendu supérieur à 18%. En décembre pourtant, le groupe assurait pourtant que ses ambitions pour 2025 étaient «intactes». La volte-face opérée en deux mois participe à la défiance du marché.
Briser les chaînes
Euroapi a justifié son regain de prudence par un «contexte macroéconomique volatil et incertain». Lors d’une conférence avec des journalistes, le directeur financier Antoine Delcour a également reconnu que le groupe était pénalisé par les termes du contrat qui le lie à son ex-maison mère. En effet, en vertu de ce texte, Euroapi n’a pu que partiellement répercuter la hausse des prix des matières premières, notamment de l'énergie, sur les prix des molécules vendues à Sanofi. Or le laboratoire français représente plus de 48% de son chiffre d’affaires.
Ainsi, l’un de ses principaux atouts, un contrat de fabrication et d’approvisionnement en principes actifs qui court jusqu’en 2026, est devenu son talon d’Achille. Face à ce constat, Euroapi entend réduire sa dépendance vis-à-vis de Sanofi en gagnant de nouveaux clients. Une quête de liberté qui nécessite des investissements significatifs pour améliorer sa compétitivité et sa visibilité.
Après avoir investi 138,8 millions d’euros en 2022, soit 14,2% de son chiffre d’affaires, le groupe a confirmé son intention d’investir 510 millions d’euros sur la période 2022-2025, notamment sur ses sites de Francfort, en Allemagne, et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en France. Selon Euroapi, ces investissements porteront leurs fruits. Pour preuve, le groupe a relevé ses prévisions de croissance du chiffre d’affaires, désormais attendue entre 7% et 8% par an en moyenne sur la période 2023-2026, contre une précédente prévision de 6% à 7% pour 2021-2025. Cet optimisme ne convainc toutefois pas un marché également refroidi par des résultats annuels en demi-teinte.
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Dans le rouge en 2022
Affecté par des problèmes de production en Hongrie et des dépréciations d’actifs en Italie, liées à la perte d’un appel d’offres pour produire un anti-tuberculeux, Euroapi a accusé en 2022 une perte nette de 15 millions d’euros, contre une perte de 8,1 millions d’euros un an plus tôt. Sans les dépréciations liées à l’Italie, le résultat net aurait été positif, a tempéré Antoine Delcour, rappelant que cette dépréciation était sans impact sur la trésorerie. Les autres indicateurs clés du groupe sont par ailleurs ressortis tout juste conformes aux attentes de la société. Le «Core Ebitda» a augmenté de 8,5%, à 120 millions d’euros. Il fait ressortir une marge sur chiffre d’affaires de 12,3%, stable sur un an. Le chiffre d’affaires annuel s’est établi à 976,6 millions d’euros, en hausse de 8,5%.
Une performance que le groupe qualifie de «solide» mais qui laisse les investisseurs de marbre. Au vu de la déception du jour, regagner leur faveur n’est pas le dernier des challenges.
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