Emerson s’appuie sur Blackstone pour financer son développement

Emerson poursuit la réorganisation de son portefeuille d’activités. Conseillé par Centerview et Goldman Sachs, le conglomérat industriel américain a annoncé lundi la cession d’une participation majoritaire dans sa division Climate Technologies à des fonds de capital-investissement gérés par Blackstone dans le cadre d’une opération valorisant ces activités 14 milliards de dollars, soit 12,7 fois leur excédent brut d’exploitation (Ebitda) sur l’exercice clos le 30 septembre dernier. Cette division, qui emploie 18.000 salariés, regroupe le savoir-faire du groupe dans le génie climatique, c’est-à-dire les technologies liées au chauffage, à la ventilation, à la climatisation et à la réfrigération. Emersoncédera 55% de ce pôle et recevra en échange 9,5 milliards de dollars en numéraire. Il conservera le solde de sa participation au sein d’une coentreprise contrôlée par Blackstone.

Ce désinvestissement, qui devrait être bouclé avant la fin du premier semestre 2023, «représente une étape critique en vue de faire d’Emerson un leader mondial des automatismes industriels», a commenté son PDG, Lai Karsanbhai. Une partie du produit de la transaction servira à financer des opérations de croissance externe du groupe en vue de renforcer son offre dans les systèmes et les logiciels d’automation. Arrivé aux commandes début 2021, le dirigeant a déjà restructuré plusieurs pans de l’entreprise (cession des capteurs de température, rapprochement de deux activités logicielles avec Aspen Technology, vente de l’activité de traitement des déchets alimentaires).

Adia et GIC entreront dans la coentreprise

«Nous sommes fiers de nous associer à Emerson pour aider à piloter la prochaine phase de croissance de cette activité très dynamique», a de son côté déclaré Joe Baratta, responsable mondial du private equity chez Blackstone. La société d’investissement, conseillée par Barclays, Guggenheim Securities et Evercore, financera la part payée en numéraire par endettement à hauteur de 5,5 milliards de dollars et elle injectera 4,4 milliards de dollars dans les fonds propres de la coentreprise. Le fonds souverain d’Abou Dhabi (Adia) et celui de Singapour (GIC) entreront par ailleurs au capital de la nouvelle entité.

Sur la base des comptes annuels publiés lundi par Emerson, son pôle de génie climatique représentait 25,5% de son chiffre d’affaires consolidé et 24,5% de son résultat avant impôts à fin septembre 2022. Le groupe a défié les incertitudes géopolitiques et macroéconomiques en affichant une progression de 8% de son chiffre d’affaires d’un an sur l’autre et un bond de 40,3% de son bénéfice net à 3,2 milliards de dollars. Sa génération de cash-flow libre a cependant reculé de 20% à 2,4 milliards en raison d’une hausse de ses besoins en fonds de roulement découlant du dynamisme de ses ventes et de contraintes sur sa chaîne d’approvisionnement. Il a également dû s’acquitter d’une charge fiscale de 153 millions de dollars émanant de plus-values sur cessions d’actifs.

Emerson, dont la capitalisation boursière dépasse 51 milliards de dollars, prévoit de distribuer à ses actionnaires au titre de l’exercice écoulé un montant global de 3,2 milliards de dollars, «dont 1,2 milliard de dollars en dividendes et environ 2 milliards de dollars sous forme de rachats d’actions». En tenant compte de la déconsolidation de son pôle de génie climatique, il anticipe pour l’exercice en cours une croissance pro forma de son chiffre d’affaires de 7% à 9% ainsi qu’un bénéfice par action (BPA) ajusté compris entre 4 dollars et 4,15 dollars, contre un BPA de 5,25 dollars sur l’exercice précédent.