Elon Musk veut rassurer sur Tesla avec des profits records inespérés

Alors que le groupe est désormais engagé dans une guerre des prix qui s’annonce farouche, il vient d’obtenir une nouvelle ligne de crédit de 5 milliards de dollars.
Capucine Cousin
Tesla, constructeur de véhicules électriques.
L’action Tesla a gagné près de 30% depuis début janvier.  -  RK.

Tesla veut atténuer les doutes sur la demande pour ses véhicules électriques. Le constructeur américain a dégagé des profits records au quatrième trimestre 2022. Son chiffre d’affaires a bondi de 37% sur cette période, pour atteindre 24,3 milliards de dollars (22,3 milliards d’euros), et son bénéfice net s’est envolé de 59% à 3,7 milliards, selon un communiqué diffusé mercredi. Une performance toutefois en-deçà du consensus des analystes : ils attendaient 3,8 milliards de dollars.

L’action Tesla prenait plus de 8%, à 156 dollars l’action, jeudi en milieu de séance. Elle a gagné près de 30% depuis début janvier.

L’année 2022 s’était pourtant achevée de manière difficile, au plus bas en Bourse : l’action du groupe avait perdu 65% pendant l’année, la valorisation de l’entreprise chutant de 700 milliards de dollars. Tout au long de l’année, les ventes successives d’actions par Elon Musk pour financer le rachat de Twitter ont alimenté les doutes des investisseurs.

Mercredi, le constructeur automobile a cherché à limiter la montée des incertitudes liées à la dégradation de la conjoncture : « Nous savons qu’il y a des questions sur l’impact à court terme de l’environnement macroéconomique incertain, en particulier avec la hausse des taux d’intérêt », remarque Tesla dans son communiqué.

Course aux volumes

Au tournant de l’année, Tesla vient de s’offrir un virage en épingle. Il compte désormais accélérer dans sa course aux volumes en déclenchant une guerre des prix, avec des baisses de tarifs allant jusqu'à 20%, une stratégie inhabituelle dans le secteur automobile. Ses réductions ont déjà conduit à une augmentation de la demande en Chine. En 2022, Tesla a livré 1,31 million de véhicules électriques, ce qui représente un record et un bond de 40% sur un an. Tesla vise maintenant 1,8 million de véhicules cette année, voire 2 millions, indique-t-il avec prudence.

De fait, il peut jouer sur son atout : une marge opérationnelle plus élevée que la plupart de ses rivaux, ce qui lui donne davantage de marge de manœuvre pour réduire ses prix. Pour 2023, les analystes anticipent déjà un bond des ventes du groupe d’environ 46%, à 1,91 million de véhicules. Selon Joshua Warner, analyste de marché chez Gain Capital, cela ajoutera de l’huile sur le feu lorsqu’une guerre des prix commencera à éclater. Les rivaux traditionnels, dont les gammes sont gorgées de nouveaux modèles électriques, auront l’impératif de réussir leurs futurs lancements commerciaux. La bataille qui s’annonce sera acharnée.

Confiance des banquiers

Une chose est sûre, la firme d’Elon Musk, désormais basée à Austin au Texas après le transfert de son siège depuis la Califormie, ne perd pas la confiance des banques. Et ce malgré la dette de quelque 13 milliards de dollars contractée en 2022 par son fondateur Elon Musk pour financer le rachat à à 44 milliards de dollars de Twitter – qui l’avaient aussi amené à des ventes successives d’actions Tesla.

Or pour Tesla, il vient d’obtenir une nouvelle ligne de crédit de 5 milliards de dollars – ce qui montre que la société approche du statut d’investment grade (émetteur obligataire), d’après l’agence Bloomberg. Citigroup est la banque conseil sur ce crédit renouvelable, qui a une maturité de cinq ans.

Il est vrai que le fabricant de voitures est parvenu à réduire sa dette d’environ 9,5 milliards de dollars depuis son sommet en juin 2020, a écrit Joel Levington, analyste chez Bloomberg Intelligence, dans une note du 12 janvier. Il a également amélioré sa trésorerie tout en constituant un trésor de guerre de plus de 21 milliards de dollars, dit la note. « La solvabilité de Tesla pourrait approcher celle de Porsche, Honda et Volkswagen dans les 12 à 18 prochains mois, rendant sa note Ba1/BBB obsolète malgré un cycle de mise à niveau sans précédent pour le secteur automobile », relève Joël Levington.

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