
Elliott juge inéquitable le projet de réorganisation de Samsung
La restructuration de Samsung risque d’être plus compliquée que prévu. Le fonds activiste américain Elliott vient d’exprimer son opposition au projet de réorganisation annoncé la semaine dernière. Fin mai, Cheil Industries, la holding de Samsung Group contrôlée par la famille Lee, a lancé une offre de 8.900 milliards de wons (7,1 milliards d’euros) sur Samsung C&T, une filiale cotée qui détient une participation de 4% dans Samsung Electronics, l’entreprise phare du conglomérat sud-coréen.
Or, l’offre est peu généreuse. Cheil Industries propose 0,35 action nouvelle pour une action Samsung C&T, soit une prime de 3,5% sur le cours de clôture du 22 mai. «Je peux comprendre que certains actionnaires soient mécontents [du faible prix offert], explique un analyste coréen cité par Bloomberg. Mais le prix a progressé depuis, suggérant que le marché n’est pas si pessimiste sur la fusion». Depuis le 22 mai, le titre Samsung C&T a rebondi de 25,7%, tandis que celui de Cheil gagnait 16,8%. L’action C&T cotant au-dessus du prix d’offre, un actionnaire mécontent a néanmoins toujours la possibilité de vendre ses titres sur le marché.
Dans ce contexte, Elliott a pris les moyens de faire entendre sa voix, en renforçant sa participation au capital de Samsung C&T de 4,95% à 7,1%, devenant ainsi son troisième actionnaire. Le fonds activiste estime que l’offre de Cheil «sous-évalue significativement Samsung C&T et que les termes ne sont ni équitables, ni dans le meilleur intérêt des actionnaires de Samsung C&T». Un pavé dans la mare au pays du matin calme, peu habitué à l’irruption d’activistes. Le sort de l’opération pourrait dépendre du premier actionnaire de Samsung C&T, le fonds de pension national sud-coréen, qui détient 10% du capital. «Nous allons examiner sérieusement la question dans l’optique d’une amélioration de la valeur pour les actionnaires avant de prendre une décision», a déclaré hier un porte-parole du fonds de pension.
Cette restructuration du conglomérat Samsung s’inscrit dans le cadre de la succession du patriarche Lee Kun-hee, âgé de 73 ans, dont la santé reste précaire depuis sa crise cardiaque de l’an dernier. Elle vise à consolider la position de son fils et héritier présomptif, Jay Y. Lee, actuel vice-président de Samsung Electronics.
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