
Des actionnaires de Danone questionnent le rôle du président d’honneur

En compagnie de Mirova, l’Erafp, l’Ircantec, OFI AM et la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens, Phitrust a demandé l’inscription d’une résolution à l’ordre du jour de l’assemblée générale (AG) de Danone du 26 avril prochain. Cette résolution propose de modifier les statuts de Danone afin de préciser le rôle du président d’honneur.
L’objectif semble être de limiter l’influence, au conseil, de Franck Riboud, 66 ans. Ce dernier avait précisé, l’été dernier, qu’il ne demanderait pas le renouvellement de son mandat d’administrateur lors de l’assemblée générale 2022, tout en restant président d’honneur. Il avait reçu ce titre honorifique en 2017 «afin de saluer son inestimable contribution aux travaux du conseil», selon le document d’enregistrement universel.
Alors que la gouvernance du groupe est en pleine transformation et que le président a annoncé, l’été dernier, le complet renouvellement du conseil d’ici à l’AG 2023, hormis lui et les administrateurs salariés, Phitrust juge que la place actuelle du président d’honneur n’est pas satisfaisante. Les statuts de Danone ne précisent pas son rôle. Le règlement intérieur du conseil indique qu’il participe au conseil avec une voix consultative. Il n’est pas rémunéré, sauf s’il est administrateur. «Son rôle s’assimile à celui d’un censeur, non élu par les actionnaires, avec, de surcroît, le poids de la légitimité due à ses fonctions précédentes dans la société», note Phitrust.
Motiver l’invitation au conseil
La résolution prévoit notamment d’intégrer dans les statuts que «le président peut inviter, à titre exceptionnel et motivé, pour tout ou partie d’une réunion du conseil d’administration, une ou plusieurs personnes, dont le président d’honneur».
Dans leur argumentaire, les auteurs de la résolution exposent leurs justifications. D’une part, éviter que le règlement intérieur du conseil ne crée des postes permanents au sein du conseil qui ne seraient pas prévus dans les statuts. D’autre part, prévoir que le président d’honneur puisse être invité au conseil uniquement s’il est administrateur (et non invité à chaque séance comme le prévoit actuellement le règlement intérieur). Enfin, distinguer les personnes convoquées obligatoirement ou exceptionnellement aux séances du conseil, voire pour une partie de l’ordre du jour.
Toutefois, le conseil de Danone a refusé d’agréer cette résolution, invoquant notamment l’absence de discussion préalable et le manque de motivation et d’intérêt pour les actionnaires. Phitrust rétorque qu’il avait évoqué le sujet dans un courrier de décembre 2021, qui n’a pas eu de réponse. La société de gestion a également sollicité un entretien, «que Danone nous a proposé à une date postérieure à la limite légale de dépôt de résolution», selon son communiqué.
Le conseil de Danone semble agacé de cette demande, qui peut sembler dérisoire alors que le groupe tente de se reconstruire après la tempête de l’an dernier. Il insiste sur sa transition radicale, avec l’arrivée de cinq nouveaux administrateurs, et «se satisfait de l’apaisement des organes de gouvernance». Le conseil ajoute que cette pratique ancienne chez Danone n’avait pas fait jusqu’à présent l’objet de critiques d’actionnaires. La grande majorité des présidents d’honneur des sociétés du SBF 120 «sont invités aux réunions du conseil sans que cela soit prévu dans les statuts». Il ajoute que «l’exigence d’une motivation supplémentaire en fonction des sujets mis à l’ordre du jour des réunions du conseil créerait un formalisme contraignant dont l’intérêt n’est pas évident».
Selon un expert de la gouvernance, une quinzaine de sociétés du SBF 120 auraient la possibilité de nommer un président d’honneur, sans pour autant en avoir un. Dans le passé, il y en a notamment eu chez Air Liquide, Axa, BNP Paribas ou L’Oréal.
Plus d'articles du même thème
-
Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
Un mois après le début de ce conflit, l’avionneur a lancé le recrutement de salariés permanents pour assurer la continuité de sa production. -
Tesla et Elon Musk poussent la démesure à un niveau inédit
Le constructeur automobile propose à ses actionnaires de voter un plan de rémunération qui permettrait à Elon Musk d’obtenir jusqu’à 1.000 milliards de dollars. A condition que la valorisation de Tesla parte elle-même dans la stratosphère. -
Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
La néobanque a annoncé la nomination de Frédéric Oudéa à la présidence de son activité en Europe occidentale. Il rejoint une ancienne administratrice de la Société Générale, Béatrice Cossa-Dumurgier, qui a récemment été nommée directrice générale de l'entité.
ETF à la Une

Xtrackers lance un ETF sur la défense
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Népal: au moins 16 morts à Katmandou pendant une manifestation contre la censure des réseaux sociaux et la corruption
Katmandou - Au moins 16 personnes ont été tuées et une centaine blessées lundi dans la capitale népalaise Katmandou, lorsque la police a dispersé une manifestation contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. «Seize personnes sont malheureusement décédées selon un décompte auprès des hôpitaux. Une centaine d’autres ont été hospitalisées, dont des policiers», a annoncé à l’AFP un porte-parole de la de la police, Shekhar Khanal. Des affrontements étaient toujours en cours en fin d’après-midi dans les rues de Katmandou, où la police tentait de disperser le dernier carré des protestataires, selon des journalistes de l’AFP. Le gouvernement du Premier ministre KP Sharma Oli devait se réunir en urgence en soirée pour faire le point de la situation. Les forces de l’ordre sont intervenues lorsqu’une foule de plusieurs milliers de personnes s’est rapprochée du Parlement, dont elles avait bloqué l’accès, notamment avec des barbelés. Certains manifestants ont alors tenté de franchir le cordon de sécurité mis en place par la police. «Nous avons utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau quand les manifestants ont pénétré dans la zone interdite», a justifié auprès de l’AFP le porte-parole de la police. Selon des témoignages anonymes publiés par les médias locaux, la police a tiré à balles réelles sur la foule pour la contenir. L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer immédiatement ces informations. Au moins trois des victimes ont succombé à leurs blessures à l’Hôpital civil de Katmanadou tout proche, qui a accueilli plus de 150 blessés, selon une porte-parole de l'établissement, Ranjana Nepal. «Je n’ai jamais vu un tel chaos à l’hôpital», a-t-elle dit à l’AFP. «Les gaz lacrymogènes se sont propagés dans les locaux et ont rendu difficile le travail des médecins». «Pratiques autoritaires» Le ministère népalais de la Communication et des Technologies de l’information a annoncé jeudi avoir ordonné le blocage de 26 plateformes, dont Facebook, Youtube, X et Linkedin, qui ne se sont pas enregistrées auprès de lui dans les délais. En application d’un arrêt rendu en 2023 par la Cour suprême, le ministère exige qu’elles nomment un représentant local et une personne chargée de la régulation de leurs contenus. Cette décision, qui a continué lundi à perturber de nombreuses activités, a convaincu de nombreux usagers en colère de descendre dans la rue. Les manifestants se sont rassemblés dans la matinée en brandissant des drapeaux nationaux et en chantant l’hymne national, avant de lancer des slogans hostiles au gouvernement. «Nous sommes là pour dénoncer le blocage des réseaux sociaux mais ce n’est notre seule motivation», a déclaré à l’AFP un étudiant, Yujan Rajbhandari, 24 ans, «nous dénonçons aussi la corruption institutionnalisée au Népal». «Cette décision traduit les pratiques autoritaires du gouvernement et nous voulons que ça change», a renchéri un autre, Ikshama Tumrok, 20 ans. Depuis l’entrée en vigueur du blocage, les plateformes encore en service, comme Tik Tok, sont inondées de vidéos mettant en cause la vie luxueuse des enfants de responsables politiques. «Il y a eu des mobilisations contre la corruption partout dans le monde, ils (nos dirigeants, ndlr) redoutent qu’il en soit de même ici», a commenté un autre protestataire, Bhumika Bharati. Dans une déclaration publiée dimanche, le gouvernement a démenti vouloir grignoter les libertés de pensée et d’expression et affirmé que sa décision visait à créer «un environnement destiné à leur protection et à leur libre exercice». Il a répété que le fonctionnement des plateformes visées serait rétabli sitôt le dépôt d’une demande d’enregistrement de leur part. Le blocage décrété jeudi n’est pas inédit. En juillet dernier, le gouvernement avait déjà suspendu la messagerie Telegram en raison, selon lui, d’une hausse des fraudes en ligne. Paavan MATHEMA © Agence France-Presse -
Attaque meurtrière à Jérusalem-Est: cinq morts et plusieurs blessés dans une fusillade revendiquée par le Hamas
Jérusalem - Les services de secours israéliens ont annoncé que cinq personnes avaient été tuées et plusieurs blessées lundi dans une attaque à l’arme à feu à Jérusalem-Est, une des plus meurtrières dans la ville depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023. L’attaque s’est déroulée à l’entrée du quartier de Ramot, dans le secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël, où les assaillants ont tiré sur une station d’autobus selon la police. «Les secouristes et ambulanciers ont constaté le décès de quatre personnes, un homme d’environ 50 ans et trois hommes dans la trentaine», a indiqué le Magen David Adom, l'équivalent israélien de la Croix-Rouge. Le décès d’une femme a été constaté plus tard à l’hôpital Shaaré Tzedek de la ville, selon un autre communiqué. Neuf autres personnes ont été blessées selon le Magen David Adom dont six grièvement. «C'était une scène très difficile», a déclaré Fadi Dekaidek, un infirmier, dans un communiqué du Magen David Adom. «Les blessés étaient allongés sur la route et le trottoir près d’un arrêt de bus, certains d’entre eux étaient inconscients». Présents sur les lieux de l’attaque, «un agent de sécurité et un civil ont immédiatement réagi, ont riposté et neutralisé les assaillants», indique un communiqué de la police, précisant que «leurs décès ont été confirmés». Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a tenu une réunion «avec les responsables des services de sécurité», selon son bureau. Sur les lieux de l’attentat, il a déclaré que «nous sommes en guerre contre le terrorisme sur plusieurs fronts». Le président Isaac Herzog a de son côté affirmé sur X que «cette attaque horrible nous rappelle que nous luttons contre le mal absolu». Le Hamas, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza, a salué l’attaque en affirmant que les auteurs étaient des Palestiniens. «Nous affirmons que cette opération est une réponse naturelle aux crimes de l’occupation et au génocide qu’elle mène contre notre peuple», indique le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué. L’armée israélienne a affirmé que ses forces «étaient à la recherche de suspects» dans la zone de l’attaque et encerclaient des villages palestiniens dans la région de Ramallah en Cisjordanie occupée. © Agence France-Presse -
Instabilité
Avec la démission du Premier ministre, le Japon entre dans une nouvelle phase d’incertitude politique
Moins d’un an après sa prise de fonction, Shigeru Ishiba rend son tablier sous la pression de son propre parti, peu enclin à le soutenir depuis sa nomination