
De nouveaux actionnaires mettent Rexel sous tension

Habitué au joug des fonds de private equity tout au long de ses années de LBO, Rexel doit désormais composer avec la pression d’actionnaires d’un autre genre. Le groupe de distribution professionnelle de matériel électrique, dont le capital est fortement dispersé, est depuis peu dans le viseur de Cevian, le principal fonds activiste européen. Fondé en 2002 par les suédois Christer Gardell et Lars Förberg, Cevian gère plus de 10 milliards d’euros. Carl Icahn, le père de l’activisme américain, fait partie de ses investisseurs.
Selon sa déclaration transmise à l’Autorité des marchés financiers le 24 février dernier, Cevian détient 5,44% du capital et des droits de vote de Rexel. Le fonds scandinave n’est pas le seul à s’intéresser de près au groupe français. Parvus AM a également franchi le seuil des 5% la semaine dernière, pour monter jusqu’à 8,93%, notamment via des produits dérivés (CFD). Ce n’est pas la première fois que les deux fonds se retrouvent engagés ensemble dans un même dossier. Ils avaient regroupé leurs forces en 2006, dans une holding commune, pour faire monter la pression sur le constructeur automobile Volvo.
Mauvaise passe
Contacté par L’Agefi, Rexel rappelle qu’il n’a pas pour habitude de se prononcer sur ses actionnaires. Le groupe indique simplement avoir « pris note » des franchissements de seuil de Cevian et de Parvus AM. Une source proche rappelle que Parvus a déjà été actionnaire de Rexel par le passé, au-delà du seuil de 5%, sans que cela soulève de question particulière.
La montée concomitante des deux fonds intervient toutefois cette fois au moment où Rexel traverse une mauvaise passe. Le groupe a émis trois profit warnings en trois ans et son plan de route pour 2020 ne lui a pas permis de renouer le lien avec ses actionnaires. Le cours de l’action a chuté de 11% le jour de l’annonce du plan, le 11 février dernier. Il perd 31% depuis un an.
L’entrée de Cevian au capital «pourrait servir de catalyseur pour la direction de Rexel afin de prendre des mesures plus radicales pour remédier à la sous-performance de certains actifs», espèrent les analystes de Morgan Stanley qui pointent notamment du doigt la division nord-américaine. Dans d’autres dossiers, Cevian a pu obtenir des solutions aussi radicales que des scissions de groupe (Cookson ou Metso) ou qu’un départ de la direction (Danske Bank).
Plus d'articles du même thème
-
Armani pourrait se vendre à un groupe français
Dans son testament, Giorgio Armani demande que sa marque soit progressivement vendue à un autre acteur du secteur en citant nommément LVMH, EssilorLuxottica et L'Oréal. -
Le partage des profits des grandes entreprises se démocratise avec le temps
Les sociétés du SBF 120 ont versé 6% de leurs bénéfices 2024 au titre de la participation, de l'intéressement ou de l'abondement. -
La prise de décision reste un défi pour les conseils d’administration
Afin de les aider à effectuer les meilleurs choix pour l’entreprise, l’Institut français des administrateurs (IFA) vient de dévoiler son dernier guide «Le Conseil d’administration face à l’exercice de la décision»
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
Contenu de nos partenaires
-
Ecce eco
Gouvernement de coalition : la rigueur budgétaire risque d’attendre – par Emmanuel Combe
Les membres de la coalition risquent de se livrer à une guerre d’usure lors des arbitrages budgétaires -
Identités
De la Kabylie à la présidence de Dauphine – par Hakim El Karoui
Le Prénom d'El Mouhoub Mouhoud (Seuil), un livre fin et tout en nuances qui raconte une trajectoire croisée entre la France et l’Algérie, l’exigence de connaissance et le monde universitaire français -
Népal : trois ministres du gouvernement provisoire nommés après les émeutes meurtrières
Katmandou - La nouvelle Première ministre du Népal Sushila Karki a présenté lundi les trois premiers membres du gouvernement provisoire qu’elle dirigera jusqu’aux élections convoquées en mars après les émeutes meurtrières de la semaine dernière Les nouveaux ministres ont prêté serment à la mi-journée devant le chef de l’Etat Ramchandra Paudel, lors d’une courte cérémonie organisée sous une tente devant les ruines de la présidence incendiée par les manifestants. Ancien patron de l’Autorité de régulation de l'électricité, Kulman Ghisang s’est vu attribuer les portefeuilles de l’Energie, des Infrastructures, des Transports et du Développement urbain. Economiste reconnu et ancien secrétaire du ministère des Finances, Rameshwor Khanal a été promu ministre des Finances. Quant à l’avocat Om Prakash Aryal, spécialisé dans les dossiers de corruption, de gouvernance et de défense des droits humains et des libertés, il dirigera un grand ministère de la Loi, de la Justice et des Affaires parlementaires. L’ex-cheffe de le Cour suprême, Sushila Karki, 73 ans, a pris vendredi les rênes du pays dans la foulée des plus graves émeutes antigouvernementales que le pays a connues depuis l’abolition de la monarchie en 2008. Elle doit conduire le pays jusqu'à des élections législatives anticipées fixées le 5 mars 2026. Selon le dernier bilan publié par les autorités, les violences ont fait au moins 72 morts et des centaines de blessés, dont 191 étaient toujours hospitalisés dimanche. Le 8 septembre, la police a ouvert le feu à Katmandou sur des milliers de jeunes manifestants réunis sous la bannière d’une «Génération Z» venus dénoncer le blocage des réseaux sociaux et, au-delà, la corruption du gouvernement. Le lendemain, des groupes de manifestants ont mis à sac la capitale en incendiant et détruisant tous les symboles du pouvoir, dont le Parlement et de nombreux bâtiments ministériels. Au pouvoir depuis 2024, le Premier ministre KP Sharma Oli, a été contraint de démissionner. Lors de sa première prise de parole publique dimanche, Mme Karki s’est engagée à satisfaire les exigences des jeunes protestataires. «Nous devons travailler en accord avec la pensée de la génération Z», a-t-elle déclaré, «ce qu’ils réclament, c’est la fin de la corruption, une bonne gouvernance et l'égalité économique». Dans un pays où plus des trois quarts de la main d'œuvre sont employés dans l'économie informelle, plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon de récentes estimations de la Banque mondiale. Alors que le produit intérieur brut (PIB) annuel par habitant frôle à peine les 1.450 dollars, les manifestants ont régulièrement dénoncé le train de vie luxueux des enfants de l'élite qui s’affichent sur les réseaux sociaux. © Agence France-Presse