Danone souhaite un dialogue constructif après l’attaque de Bluebell

Le fonds activiste demande le départ du PDG Emmanuel Faber et la séparation des pouvoirs. Danone tiendra une réunion investisseurs le 25 mars.
Bruno de Roulhac
Emmanuel Faber, directeur général de Danone
Emmanuel Faber, directeur général de Danone  -  Photo Bloomberg.

La reprise annoncée des attaques activistes en 2021 ne s’est pas fait attendre. Le fonds britannique Bluebell Capital s’est invité au capital de Danone et réclame le départ de son PDG, Emmanuel Faber, selon un courrier consulté par l’agence Agefi-Dow Jones, confirmant une information du magazines Challenges.

Le difficile parcours boursier de Danone (-25% sur un an, troisième plus mauvaise performance du CAC 40), la personnalité controversée de son PDG et la récente modification de la gouvernance du groupe, avec le départ de la direction financière de Cécile Cabanis pour revenir comme vice-présidente du conseil, soulevaient déjà de nombreuses questions. « Le nouveau casting du conseil devra révéler le projet », notait OFG en début d’année.

Le courrier de Bluebell, adressé le 19 novembre dernier à Michel Landel, administrateur référent de Danone jusqu’à l’assemblée générale du 29 avril 2021, intervient après la nouvelle organisation du groupe annoncée mi-octobre mais avant les détails du plan de fin novembre et avant la réorganisation de la gouvernance dévoilée mi-décembre. Bluebell Capital, présidé par Francesco Trapani, ancien patron et actionnaire familial de Bulgari avant sa cession à LVMH, a été particulièrement actif l’an dernier, avec des campagnes menées contre Vestas, Mediobanca, Hugo Boss, ou encore Lufthansa.

«Nous avons investi dans Danone en raison de ses positions de leader dans les secteurs de l’alimentation infantile et des produits laitiers et de son engagement en faveur du développement durable, précise la lettre de Bluebell, qu’a consultée L’Agefi. Toutefois, la performance du cours de l’action a été décevante sous la direction de M. Faber [du 1er octobre 2014 au 10 novembre 2020] avec une rentabilité pour les actionnaires [TSR] de 21%, contre 56% pour le sous-indice Food & Beverage du Stoxx 600, 97% pour Nestlé et 101% pour Unilever.» Contacté par L’Agefi, Danone rappelle avoir enregistré de «solides résultats» entre 2014 et 2019 avec une croissance organique annuelle de 3,1% en moyenne, et une augmentation de 50% de son bénéfice net par action.

Pour Bluebell, cette sous-performance s’explique par de mauvais résultats opérationnels, le groupe échouant à atteindre la plupart des objectifs fixés en 2017, et par des choix discutables d’allocation du capital, jugeant que Danone a surpayé l’américain Whitewave, acquis en 2016 pour une valeur d’entreprise de 12,5 milliards de dollars. En outre, le fonds activiste estime que le groupe manque de vision stratégique pour sa division de produits laitiers frais. Enfin, Bluebell s’inquiète de la gestion des hauts potentiels après le départ du patron des Produits Laitiers International en septembre, et de la directrice financière le mois prochain.

Aussi, Bluebell demande au conseil de Danone de lancer le processus de recrutement du futur directeur général, et de scinder les fonctions de présidence et de direction générale. Le nouveau patron devra avoir la capacité et l’expérience de réorganiser et de motiver l’équipe dirigeante, et de redresser la croissance de la division produits laitiers ; se concentrer sur la création de valeur pour les actionnaires et s’intégrer à la culture d’entreprise de Danone. Si le conseil de Danone ne s’est pas prononcé sur cette demande pour le moment, le groupe assure accorder «la plus grande importance au dialogue avec l’ensemble de ses actionnaires et de ses parties prenantes, dans un esprit constructif». Danone continuera à détailler son plan stratégique le 25 mars prochain lors d’une réunion investisseurs «consacrée à l’accélération de la croissance».

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