Bouygues s’attaque aux lucratives positions de Free dans le fixe

L’opérateur de Xavier Niel dégage 42% de marge d’Ebitda dans le triple play, quasiment 20 points de plus que ses concurrents directs
Olivier Pinaud
Bouygues s'attaque aux lucratives positions de Free dans le fixe. Photo: PHB
Bouygues s'attaque aux lucratives positions de Free dans le fixe. Photo: PHB  - 

Coup pour coup. Sonné par les attaques de Free Mobile dans la 3G puis dans la 4G, Bouygues Telecom a riposté en frappant là où cela fait le plus mal pour l’opérateur de Xavier Niel: l’accès fixe à internet, qui assure les deux tiers de son chiffre d’affaires. En promettant pour 2014 une offre triple play (téléphone, télévision et accès internet) 150 euros moins chère par an que celle de Free, Martin Bouygues s’attaque au cœur de son pire concurrent.

Iliad est de loin l’opérateur le plus rentable du marché français dans le fixe, avec une marge d’Ebitda estimée à 42% pour 2013. Celle-ci a d’ailleurs progressé ces dernières années, d’un peu plus de deux points, notamment grâce à une augmentation du prix du forfait mensuel, passé de 29,99 euros à 35,98 euros. D’ici à 2020, en partie grâce au déploiement de la fibre optique, la direction de Free estime que le niveau de marge pourrait encore augmenter d’environ 500 points de base.

En comparaison, la marge d’Orange, le numéro un français du fixe, était de 27,7% en 2012, mais le chiffre tient compte des offres de téléphonie fixe simple encore commercialisées par l’opérateur historique. Pour SFR, qui ne communique pas la différence entre fixe et mobile, la marge d’Ebitda dans l’ADSL est estimée par Kepler Cheuvreux à 19,5%. Un niveau proche de celle de Bouygues Telecom.

Résultat, Iliad devrait dégager environ 1 milliard d’euros de cash-flow opérationnel cette année selon Exane BNP Paribas, soit 5% de son chiffre d’affaires, de quoi financer les quelque 900 millions d’euros d’investissements, notamment dans le mobile.

En lançant une guerre tarifaire dans le fixe, Bouygues cherche à ouvrir une brèche dans ce modèle lucratif et vertueux. Le groupe a déjà lancé début novembre une offre fixe via sa marque «low cost» B&You, à 15,99 euros par mois. Mais celle-ci n’inclut pas d’accès à la télévision. La capacité de nuisance pour les autres opérateurs et pour Free était donc limitée.

Moins chère de 33%, et en attendant d’en connaître tous les contours, l’offre annoncée pourrait contraindre Free à ajuster à la baisse une partie de son parc de clients, comme les opérateurs ont dû le faire depuis l’arrivée de Free dans le mobile. La menace a été prise au sérieux. Vendredi, le cours d’Iliad a chuté de 10,37%, sa plus forte baisse depuis 2006, emportant avec lui un milliard de capitalisation boursière.

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