Bouygues joue son va-tout pour emporter SFR

Pour amadouer l’Autorité de la concurrence, le groupe vendra son réseau mobile à son ennemi Free. Vivendi fera son choix sur les synergies
Olivier Pinaud

Bouygues pactise avec son ennemi juré pour emporter SFR. La filiale de télécoms du groupe de construction négocie la vente de son réseau de téléphonie mobile, équipements et quasi-totalité des fréquences, à Iliad (Free). Les négociations exclusives sont conditionnées au rachat de SFR par Bouygues Telecom (BT). En cas d’échec, l’accord tombe.

Négocié en 4 jours, l’accord a été remis samedi matin au comité spécial du conseil de surveillance de Vivendi chargé de départager les deux prétendants à SFR, BT et Numericable. Une négociation express alors que «l’offre de Numericable avait de l’avance sur celle de BT, jugée plus incertaine en raison du risque de veto de l’Autorité de la concurrence», explique une source. Martin Bouygues, le PDG du groupe, se félicite «de présenter à l’Autorité de la concurrence un projet de fusion assorti désormais de mesures assurant une forte concurrence par les infrastructures».

Même satisfecit chez Iliad. En cas de succès, Free empocherait un réseau mobile clé en mains pour 1,8 milliard d’euros. Un prix modique. «L’intégration du réseau de BT nous permettrait de renforcer notre indépendance et nous donnerait les moyens d’accélérer notre dynamique commerciale», explique Thomas Reynaud, le directeur financier d’Iliad.

Du côté de Numericable, on affiche sa sérénité: l’offre est financée, ne présente aucun risque de concurrence et ne fait pas craindre pour l’emploi. «Le duo Orange SFR-BT détiendrait près de 90% du marché de la téléphonie mobile», ajoute une source proche pour relativiser la vertu concurrentielle de BT-Iliad. Hier, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, s’est indirectement prononcé pour l’offre de BT en estimant que le secteur de la téléphonie mobile serait plus fort s’il revenait à trois opérateurs. Une position adoucie par Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie.

Le choix de Vivendi pourrait se faire sur les synergies promises par les deux candidats, sachant que le groupe de médias restera un temps actionnaire du nouvel ensemble créé. De grands doutes subsistent encore sur la réalité de ces promesses. «Vivendi va devoir déterminer ce qui fait le plus de valeur: associer SFR au réseau câblé de Numericable en espérant gagner des clients de l’un vers l’autre, ou migrer les 11 millions de clients mobiles de BT sur son réseau pour créer des économies unitaires», explique une source proche. Un conseil de Vivendi est prévu vendredi.

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