Bouygues accélère les cessions pour restaurer ses équilibres financiers

En difficulté dans les télécoms, le groupe engrange une plus-value en sortant de Cofiroute et attend le désengagement partiel de TF1 dans Eurosport
Alexandre Garabedian

Bouygues fait remonter des plus-values. Sa filiale à 96% Colas, leader mondial de la construction d’autoroutes, a annoncé vendredi soir la cession de sa participation de 16,67% dans Cofiroute à Vinci Autoroutes. Elle engrangera entre 780 et 800 millions d’euros, avec une confortable plus-value à la clé: entre 370 et 380 millions, selon Hervé Le Bouc, PDG de la société.

La cession de Cofiroute est logique. Le tour de table de l’opérateur d’autoroutes, équilibré à l’origine entre les quatre grands du BTP français (Colas, SGE, Fougerolle et GTM) avait évolué, au gré des rapprochements dans le secteur, vers un tête-à-tête entre Vinci, majoritaire, et Bouygues. Mais ce dernier avait retardé son retrait pour des questions de valorisation. Le prix représente 12,4 fois l’Ebit 2012 de la cible, moins que le multiple de 14,5 fois l’Ebit 2006 payé par Vinci en 2007 pour reprendre les 18% que détenait Eiffage, rappelle CM-CIC Securities. Colas distribuant plus des trois quarts de ses résultats à sa maison-mère, Bouygues devrait récupérer le gros du produit de cession tout en se privant d’un résultat récurrent d’environ 50 millions par an –il consolidait Cofiroute par mise en équivalence.

«Le durcissement de sa position dans les télécoms a probablement amené Bouygues à revoir sa position et à s’accorder avec Vinci sur une transaction gagnant-gagnant», relève l’analyste de CM-CIC. Le groupe joue en effet l’avenir de sa filiale télécoms sur le succès de la 4G, et son patron, Martin Bouygues, vient de déclarer la guerre à Free dans le fixe.

D’autres désengagements sont au programme: l’américain Discovery discute depuis novembre avec TF1 pour exercer par anticipation une option d’achat qui porterait de 20% à 51% sa part dans Eurosport, sur la base d’une valeur plancher (pour 100%) de 850 millions d’euros. «Ces cessions devraient permettre de maintenir le niveau du dividende» de Bouygues, estime CM-CIC, et «au total (avec TF1/Discovery), l’endettement net de la holding du groupe devrait diminuer d’environ 1 milliard d’euros.»

Le bilan de Bouygues reste par ailleurs gorgé de survaleurs: 5,6 milliards à fin juin 2013, dont 2,65 milliards sur le seul Bouygues Telecom. Sans compter 2,5 milliards sur la part de 29,4% dans Alstom, dont l’action, à 25,75 euros hier, traite moitié moins que sa valeur comptable consolidée (49,29 euros). Les tests menés fin 2012 avaient jugé que ces goodwills n’avaient pas à être dépréciés.

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