
Areva ne pourra trouver aucun secours auprès des marchés obligataires
Appelé à prendre la présidence d’Areva prochainement, Philippe Varin pourra s’appuyer sur son expérience à la tête de PSA Peugeot Citroën pour tenter de trouver une issue à l’impasse financière dans laquelle se trouve le groupe de nucléaire. Les deux situations ne manquent pas de similitudes: comme le constructeur automobile, Areva souffre d’une activité en bas de cycle; et comme PSA, le fabricant de centrales va se trouver considérablement contraint par la dégradation en catégorie «junk» de sa note de crédit par S&P.
Cette note BB+, qui serait de trois crans inférieure si Areva ne disposait pas du soutien implicite de l’Etat français, son premier actionnaire avec 87% du capital, va empêcher le groupe de venir se financer sur les marchés obligataires dans de bonnes conditions. Or, ces derniers assurent 85% du financement d’Areva. Récemment, avant la dégradation de S&P, les investisseurs avaient déjà rechigné devant le projet de dette hybride qui aurait permis de gonfler les fonds propres. Notée B, une première pour ce type d’émission, l’obligation n’a pas reçu le succès escompté obligeant le groupe à reculer. La récente décision de S&P a définitivement condamné ce projet.
Areva n’est pas dans l’urgence. Ses principales échéances sont pour 2016 (1,2 milliard d’euros). De même, ni ses instruments financiers ni ses contrats commerciaux ne font l’objet de «rating trigger» qui entraînerait une augmentation automatique des charges du fait de la dégradation. «L’impact instantané de la dégradation de la note est négligeable», indiquait vendredi Areva à L’Agefi. Mais la situation actuelle n’est pas tenable. L’activité industrielle du groupe nécessite d’importants investissements que ses cash-flows ne couvrent pas. Difficile d’imaginer également un Etat confier un chantier nucléaire de 10 ans à une entreprise aux finances aussi fragiles.
PSA s’était sorti de cette situation en se recapitalisant deux fois entre 2012 et 2014, pour un montant total de 4,7 milliards d’euros, avec l’appui de General Motors, puis de l’Etat français et du chinois Dongfeng. Menée début 2014, la seconde recapitalisation avait permis de renouveler en parallèle 2,7 milliards d’euros de crédit syndiqué, ce qui avait fini de lever les doutes sur la viabilité du constructeur.
La semaine dernière, le porte-parole du gouvernement a assuré qu’Areva n’avait pas besoin d’être recapitalisée «aujourd’hui». Mais demain, l’opération paraît inévitable.
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