Apple lie la rémunération de Tim Cook à la performance boursière de son action

Le PDG du fabricant de l’iPhone devra baisser son salaire de 40% cette année.
Capucine Cousin
Tim Cook Apple
La rémunération de Tim Cook pour l'exercice 2022 clos en septembre était de 99,4 millions de dollars, contre 98,7 millions de dollars reçus l'année précédente.  -  Photo Apple.

L’heure est à la sobriété aussi chez les dirigeants des grandes entreprises américaines. Apple ouvre le bal : le package salarial de son PDG Tim Cook sera réduit de plus de 40%, à 49 millions de dollars (45 millions d’euros), pour l’exercice 2023. Grande première, il sera davantage lié aux performances boursières du fabricant de l’iPhone, selon les documents réglementaires déposés par la société auprès de la SEC, le régulateur des Bourses américaines, avant son assemblée annuelle des actionnaires, prévue le 10 mars.

La rémunération de Tim Cook pour l’exercice 2022 clos en septembre était de 99,4 millions de dollars, contre 98,7 millions de dollars reçus l’année précédente. Sa rémunération de 49 millions de dollars pour 2023 inclut le même salaire de 3 millions de dollars et la même prime de 6 millions de dollars qu’en 2022, ainsi que 40 millions de dollars d’attributions d’actions.

Salaire indexé sur les performances boursières

C’est là le plus grand changement qui survient - une première dans la rémunération d’un dirigeant d’un groupe technologique : la rémunération totale réelle de Tim Cook pour cette année pourrait fluctuer en fonction de la performance boursière de la société. Le pourcentage d’unités d’actions liées aux performances d’Apple qui seront attribuées au dirigeant passera de 50% en 2022 à 75% en 2023 - ce qui sera pérenne pour les années à venir, a déclaré la société.

Pour l’exercice 2022, Apple lui a accordé 75 millions de dollars en actions. Pour l’exercice 2023, l’objectif d’attribution d’actions de Tim Cook a été réduit à 40 millions de dollars : 30 millions de dollars du total dépendront de la performance des actions. Si les actions d’Apple atteignaient les seuils de performance, les 30 millions de dollars de primes de performance pourraient doubler pour atteindre au moins 60 millions de dollars.

C’est là une conséquence de l’assemblée générale annuelle de 2022 du groupe, qui avait été mouvementée. Apple s’est attiré les critiques de la société de conseil en votes Institutional Shareholder Services à propos du package de rémunération de Tim Cook : une courte majorité d’actionnaires (64%) avait voté pour l’approuver, de manière bien moindre que les 94,9% de l’année précédente. ISS a déploré que les actions de Tim Cook continueraient d'être acquises après sa retraite et que la moitié des primes ne dépendait pas de critères de performance tels que le cours de l’action de la société.

Tim Cook se devait donc de faire un geste avant cette nouvelle AG. Avec un patrimoine estimé par Forbes à 1,7 milliard de dollars, il est un des PDG les plus riches des Etats-Unis. Il détient environ 3,3 millions d’actions Apple.

Si 2021 a été une année record pour la rémunération des dirigeants, selon les données de Bloomberg, l’heure n’est plus aux packages somptuaires aux yeux des actionnaires. Selon la firme de Cupertino, son comité de rémunération a « mis en balance les commentaires des actionnaires, la performance exceptionnelle d’Apple et une recommandation de M. Cook d’ajuster sa rémunération à la lumière des commentaires reçus » pour justifier ce revirement, mais c’est aussi sous la pression des actionnaires, échaudés par les performances des groupes technologiques dans l’après-pandémie, en 2022. Plusieurs d’entre eux, au premier chef Alphabet (Google) et Meta (Facebook), ont vu leur cours de Bourse chuter d’au moins 50%, et ont été amenés à annoncer de sévères plans de suppressions d’emplois au second semestre.
Dans le cas d’Apple, s’il a été plutôt épargné par cette tendance - son cours de Bourse n’a chuté «que» de 27% en 2022 - le précédent de l’assemblée annuelle des actionnaires de 2022 a laissé des traces. Ses difficultés avec ses sous-traitants sur le marché asiatique, et le spectre d’une pénurie d’iPhone 14 à la fin 2022, a aussi révélé ses fragilités.

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