Alstom est sur le fil du rasoir pour maintenir sa note en catégorie d’investissement

L’écartement de 35% des CDS du groupe en quelques jours témoigne de l’inquiétude des investisseurs crédit sur le profil de sa dette
Yves-Marc Le Réour

L’avertissement émis la semaine dernière par Alstom sur l’évolution de sa rentabilité et de son cash flow libre a fortement dégradé la perception des investisseurs crédit vis-à-vis du groupe. «Les CDS (crédit default swaps) d’Alstom se sont écartés de 35% en une semaine, sous-performant nettement notre indice des CDS du secteur industriel qui s’est écarté de 6%», relève Diana Allmendinger, directeur chez Fitch Solutions.

Ce renchérissement du coût de couverture d’Alstom contre un défaut de paiement a été d’autant plus marqué que l’avenir du groupe pourrait encore s’assombrir au Brésil. Alors que le spécialiste des équipements électriques et ferroviaires était déjà mis en cause dans une affaire de cartel avec Siemens dans ce pays, la justice brésilienne a selon Bloomberg ouvert une enquête sur d’éventuels pots-de-vin payés par le groupe à la fin des années 90, lors du renouvellement d’un contrat portant sur la fourniture de turbines destinées à des centrales électriques du métro de Sao Paulo.

La hausse des volumes d’échanges sur les CDS d’Alstom est un signe supplémentaire de l’incertitude grandissante du marché du crédit sur les perspectives financières du groupe. Selon l’indicateur de marché élaboré par Fitch Solutions, la probabilité qu’Alstom fasse défaut sur sa dette dans les 5 ans a doublé en quelques jours pour atteindre 10,7%, contre 5,05% avant l’alerte lancée par le groupe.

Avec un cash flow libre négatif désormais attendu sur l’exercice clos le 31 mars prochain, la dette nette pourrait s’élever à près de 3,5 milliards d’euros, contre 3,3 milliards à fin septembre. Craignant pour le groupe «des difficultés à se désendetter du fait d’avances sur projets plus faibles que prévu», Moody’s a dégradé vendredi dernier de «stable» à «négative» la perspective de la note «Baa3» du groupe, plus basse note de l’agence en catégorie d’investissement.

La note «BBB» attribuée par S&P est également compromise, selon le bureau d’analyse crédit de Natixis qui table sur une dégradation d’un cran à «BBB-». Pour éviter un abaissement supplémentaire qui placerait le groupe en catégorie spéculative, Alstom «devra annoncer rapidement des cessions d’actifs» et une baisse du dividende serait bienvenue, mais sur ce point «aucune annonce ne devrait être faite avant la publication des résultats annuels début mai», estiment ces analystes.

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