Airbus va être contraint de réviser sa stratégie pour son gros porteur A380

Le quadriréacteur peine à trouver de nouveaux clients face à des biréacteurs moins voraces en carburant et capables de desservir plus d’aéroports
Yves-Marc Le Réour

Si l’aviation civile constitue la principale source de profit du groupe Airbus, le quadriréacteur A380, en service depuis sept ans, peine à tenir ses promesses. Le constructeur aéronautique, qui organise à Londres un séminaire de deux jours destiné aux investisseurs, terminera vraisemblablement son exercice 2014 sans avoir trouvé de nouvelle compagnie cliente pour son avion long-courrier à double pont, capable d’embarquer jusqu’à 850 passagers. Une vingtaine d’appareils achetés cette année par la société de leasing Amedo n’ont pas encore trouvé preneur auprès des transporteurs.

Bien que les voyageurs apprécient ce très gros porteur, de nombreuses compagnies lui préfèrent des biréacteurs moins imposants capables de desservir davantage d’aéroports. Après l’arrêt de la production de l’A340 en 2011, c’est l’avenir des appareils quadrimoteurs dans leur ensemble qui semble de plus en plus incertain. Pour la troisième fois en moins de deux ans, Boeing a révisé mardi à la baisse la cadence de production de son avion-jumbo 747-8, en expliquant que ceci était lié à «une reprise moins forte que prévu des marchés du fret aérien». A partir de septembre 2015, la production tombera donc à 16 unités par an, contre 24 appareils par an initialement prévus.

Airbus a engrangé jusqu’ici au total 318 commandes pour l’A380, contre un marché potentiel évalué à 1.200 unités au moment où le groupe européen a commencé à commercialiser ce programme en l’an 2000. Il compte livrer 175 appareils d’ici à 2020 et vise pour ce programme un seuil de rentabilité l’an prochain. Emirates, qui représente plus de 40% de ce carnet de commandes, souhaite qu’Airbus améliore l’efficacité des moteurs pour réduire la consommation de carburant, mais le constructeur résiste en craignant une dérive des coûts.

Selon Oddo Securities, cette mise à niveau, qui nécessitera des adaptations sur les ailes de l’avion et prendrait environ 4 ans, «pourrait coûter 2 milliards d’euros». Le président exécutif d’Airbus Group Tom Enders a souligné hier que la décision qui sera prise «à court ou moyen terme» sur ce programme reposera sur des considérations purement économiques, la priorité restant d’améliorer la dynamique commerciale de l’A380.

L’annonce décevante d’un résultat d’exploitation attendu stable en 2016 par rapport à 2015, combinée au report de la première livraison de l’A350 à Qatar Airways ont fait chuter l’action de 10,4% à 43,2 euros sur le marché parisien.

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