Air France lance l’explosif dossier de sa restructuration sociale

Le nouveau PDG de la compagnie dénoncera demain les conventions collectives en vigueur. Objectif : restaurer la compétitivité du réseau court et moyen courriers
Olivier Pinaud

Le comité central d’entreprise prévu chez Air France demain matin s’annonce explosif. Alexandre de Juniac, le tout nouveau PDG de la compagnie française, doit y dénoncer les conventions collectives en vigueur dans l’entreprise. Le dirigeant veut aller vite.

Avec Jean-Cyril Spinetta, de retour aux commandes du groupe Air France-KLM depuis la fin d’année 2011, Alexandre de Juniac s’est engagé à économiser 2 milliards d’euros d’ici à 2014, notamment en améliorant la productivité du personnel du réseau court et moyen courriers d’Air France, lourdement déficitaire. Sur ces lignes, la direction attend 700 millions d’euros de pertes en 2011, que le réseau long courrier ne pourra totalement combler.

Entendu hier par la Commission de l’économie du Sénat, Alexandre de Juniac a indiqué que le groupe doit limiter le temps de la renégociation des accords sociaux. Les finances de la compagnie ne lui permettent pas de reporter une réforme attendue depuis des mois. Air France-KLM devrait perdre plus d’un milliard d’euros nets cumulés entre 2011 et 2012. Sa dette nette culmine à plus de 6 milliards d’euros, soit autant que ses fonds propres. Le tout avec un cash-flow fortement négatif (-325 millions d’euros attendu par le consensus pour 2011).

La compagnie dit subir des charges salariales plus élevées en France. Pour un salaire brut de 100, Air France indique payer ses salariés, charges sociales comprises, 146 en France, contre 119 aux Pays-Bas ou 129 en Allemagne. Mais son organisation, plus lourde que celles de ses concurrents, est également montrée du doigt. Les charges du personnel d’Air France-KLM représentent 32% de son chiffre d’affaires. Pour Lufthansa, dont le profil ressemble à celui de la compagnie franco-néerlandaise, le ratio tombe à 23%. Pour Ryanair, il n’est que de 10%. Sans aller jusque-là, le plan d’économies de 2 milliards d’euros annoncé par la direction permettrait de revenir au niveau de Lufthansa.

Le comité central d’entreprise de demain intervient dans un climat social déjà fortement tendu. La compagnie sort de quatre jours de grève de son personnel pour protester contre un projet de loi visant à mieux encadrer les mouvements sociaux dans le transport aérien. Selon les estimations d’Alexandre de Juniac, chaque journée de grève a coûté 10 millions d’euros à la compagnie, soit 40 millions au total.

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