AbbVie se console en cassant sa tirelire pour racheter Pharmacyclics

Pour mettre la main sur le fabricant de l’Imbruvica, un traitement contre la leucémie, et se diversifier, le groupe américain paie un prix jugé très élevé.
Alexandre Garabedian

Un lot de consolation à 21 milliards de dollars. Le laboratoire américain AbbVie, qui avait dû renoncer l’an dernier à racheter l’irlandais Shire pour 55 milliards du fait du changement de règles fiscales aux Etats-Unis, a trouvé un substitut avec Pharmacyclics. Pour reprendre le producteur de l’Imbruvica, un traitement contre les cancers du sang, AbbVie n’a pas hésité à mettre sur la table dans la nuit de mercredi à jeudi un prix jugé «astronomique» par les analystes de Sanford Bernstein.

Le groupe scindé d’Abbott Laboratories en 2013 offre 261,50 dollars par action de la cible, en cash et en titres. Il a battu sur le fil deux autres candidats. Johnson & Johnson (J&J), qui commercialise déjà l’Imbruvica en partenariat avec Pharmacyclics via sa filiale Janssen, aurait proposé 250 dollars par action. Novartis était aussi intéressé, avait révélé Bloomberg fin février. «Trois sociétés sont restées en lice jusqu’au dernier moment et ont enchéri les unes contre les autres», a indiqué hier Richard Gonzalez, le directeur général d’AbbVie, qui dit avoir vécu l’un des processus d’enchères les plus compétitifs du secteur en plus de trente ans de carrière.

Début janvier, l’action Pharmacyclics ne valait encore que 124 dollars. Elle traitait sous les 10 dollars il y a cinq ans. «La prime payée peut s’expliquer par le désespoir d’AbbVie. Ce qui fait le moins de sens est que son offre ait prévalu sur celle du partenaire et de l’acquéreur naturel de Pharmacyclics, J&J», estime l’analyste de Sanford Bernstein. Le courtier évalue à 220-230 dollars le juste prix de l’action du laboratoire pour un acquéreur sans synergies significatives.

Conseillé par Morgan Stanley, AbbVie était condamné à se diversifier. Humira, son médicament vedette contre la polyarthrite rhumatoïde, représente plus de 60% de ses revenus, mais verra son brevet tomber dans le domaine public d’ici à 2018. Le groupe estime que les ventes de l’Imbruvica, de 548 millions de dollars l’an dernier chez Pharmacyclics, pourraient lui rapporter 7 milliards de dollars de revenus par an à leur pic.

Des perspectives qui ont surtout profité hier à J&J, qui capte 50% des ventes du produit et entend maintenir son accord de distribution: l’action Johnson & Johnson était en légère hausse à l’ouverture de Wall Street, quand celle d’AbbVie reculait de 5%.

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