
Rome fragilise ses banques en pariant sur la relance

Vendredi dernier avait de mauvais airs de crise de la zone euro à Rome. L’annonce la veille par la coalition gouvernementale du M5S et de la Ligue du Nord d’un objectif de déficit à 2,4% au cours des trois prochaines années a pris de revers des marchés qui s’attendaient ces derniers jours à rester sous le seuil des 2%. Si les marchés italiens ont quelque peu retracé leurs pertes dans l’après-midi, le rendement à 10 ans des obligations d’Etat a tout de même grimpé de près de 25 points de base à 3,13% tandis que la Bourse de Milan a terminé en recul de 3,49%, pénalisée par un secteur bancaire qui accuse une chute de 7,10%. La question de la soutenabilité de la dette italienne, la plus élevée d’Europe qui représente 131% du PIB, va continuer à préoccuper les marchés au cours des prochaines semaines.
«Nous nous attendons à ce que l’Italie entre dans une période de volatilité prolongée», écrivait vendredi Fabio Fois, analyste chez Barclays, notant la possibilité croissante de «tensions avec la Commission européenne, les décisions à venir des agences de notation, le risque d’élections anticipées et les inquiétudes concernant la soutenabilité de la dette publique.»
Les investisseurs scruteront dans un premier temps la présentation détaillée du budget le 15 octobre à Bruxelles et le 20 devant le Parlement italien, avec «un risque clair que le déficit se rapproche des 3%» selon l’économiste Nicola Nobile d’Oxford Economics. Les déclaration de Luigi Di Maio, vice-Premier ministre du M5S, peuvent notamment inquiéter sur les hypothèses de croissance retenues par Rome. «Nous voulons rembourser la dette et je peux vous assurer que la dette baissera» grâce à «la croissance économique inattendue» qui sera provoquée par le budget, a-t-il assuré.
Au-delà de la confrontation avec Bruxelles, c’est la «hausse durable du coût du capital pour les entreprises italiennes, y compris les banques», qui inquiète Patrice Gautry, chef économiste de l’Union Bancaire Privée. D’autant que la revue de la note de crédit de l’Italie se rapproche, le 26 octobre par S&P et d’ici la fin octobre pour Moody’s, ce qui pourrait donner lieu à «un éventuel déclassement de la dette italienne», ajoute-t-il. L’Italie, aujourd’hui notée deux crans au-dessus de la dette spéculative, risque de s’en approcher dangereusement. Sans pouvoir se reposer sur la puissance de feu de la Banque centrale européenne (BCE) qui entame ce mois-ci la réduction progressive de ses achats d’actifs, à hauteur de 15 milliards d’euros d’achats en moins par mois.
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