Pas de répit pour le sucre

L’interdiction des néonicotinoïdes pourrait constituer une menace pour la filière betteravière dans certains pays.
Sylvain Berthelet, CFA, SMA Gestion
des morceaux de sucre
La demande de sucre n'a plus progressé depuis 2017-2018.  -  Crédit : Pasja1000/Pixabay

Le marché du sucre est encore convalescent. La période des prix élevés de 2016-2017 puis la pandémie de Covid-19 ont conduit à une destruction de demande. Ainsi celle-ci n’a plus progressé depuis la campagne 2017/2018 culminant à 174 millions de tonnes (MT) selon le Département américain de l’agriculture (USDA). La consommation pourrait être relancée durant la campagne 2022/2023 grâce à la fin de la politique zéro-covid en Chine ainsi qu’à une demande robuste des autres régions. Cela porterait la demande globale à plus de 176 MT.

Face à cela, l’offre semble un peu désarmée. L’industrie est très intensive en capital et les conditions difficiles des dernières années ont découragé les investissements qui nécessitent des perspectives favorables à long terme. Pour FO Licht, les hausses de capacités de production devraient rester en deçà de 1% en 2023 en ligne avec la tendance des cinq dernières années. L’Inde, l’un des acteurs les plus dynamiques ces dernières années, pourrait voir sa production retomber en deçà des 34 MT après avoir frôlé les 37MT en 2021/2022. En effet, New Dehli souhaite actuellement encourager la production de bioéthanol au détriment de celle du sucre.

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L’industrie européenne qui avait été malmenée par la dernière période de prix bas coïncidant avec la suppression des quotas fin 2017 fait face à de nouveaux défis. Le 19 janvier, la Cour de justice de l’Union européenne a confirmé la fin de la plupart des exemptions temporaires concernant le recours à des pesticides « expressément interdits » par la législation européenne. Il s’agit notamment des néonicotinoïdes et cela a des conséquences particulières en France où les agriculteurs bénéficiaient de ces exemptions suite à des maladies ravageuses en 2020 (30% de pertes environ). La Confédération Générale des planteurs de Betterave (CGB) juge la décision « brutale » quelques semaines avant les semis de printemps et certains y voient une menace pour la filière betteravière dans certains pays. Des alternatives sont envisageables mais leur mise en place généralisée ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs années. Le Brésil, grand producteur et premier exportateur mondial, ajoute son lot d’incertitude avec une devise fluctuante et de possibles changements de fiscalité favorables à l’éthanol au détriment du sucre.

Au total, les stocks sont encore loin de leurs plus bas historiques mais une tendance baissière était déjà anticipée par l’USDA en novembre dernier, soutenant les cours ces derniers mois. Les turbulences évoquées devraient maintenir une certaine volatilité dans les semaines à venir.

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