Les prix du blé s’envolent après le revirement russe

La décision de Moscou de mettre fin à l’accord autorisant les exportations de céréales via un corridor sécurisé a fait flamber le cours du blé.
Fabrice Anselmi

Les contrats à terme sur le blé à Chicago (CME Group) ont bondi de près de 6% pour atteindre un sommet de plus de deux semaines à 8,8 dollars le boisseau lundi après que la Russie a décidé samedi soir de mettre fin à l’accord autorisant les exportations de céréales via un corridor sécurisé, sous l’égide de l’Onu et de la Turquie, à la sortie des ports ukrainiens. Les même contrats à terme (Décembre 2022) ne gagnaient que 4,4% à 352 euros la tonne sur Euronext Paris.

La Russie a invoqué une attaque contre ses navires dans le port de Sébastopol, dans la Crimée annexée. L’Ukraine a estimé qu’il s’agissait d’un prétexte pour justifier un désengagement prévu à l’avance, et les Etats-Unis ont reproché à Moscou de faire des denrées alimentaires une arme de guerre.

Gros exportateurs

La Russie et l’Ukraine comptent parmi les plus grands exportateurs de blé au monde, et un accord avait donc été mis en place fin juillet pour permettre le passage sécurisé des céréales sur la mer Noire. Etant donné la place du blé ukrainien sur les marchés à l’export, un tel accord a contribué à atténuer la pression sur les prix du blé, qui avaient grimpé jusqu’à un niveau record de 12,8 dollars le boisseau en mai. Depuis, une baisse de la demande de céréales et un apaisement des problèmes d’approvisionnement dans d’autres régions avaient détendu le marché.

Aucun navire n’a pu traverser le corridor maritime dimanche, mais les Nations unies auraient convenu avec l’Ukraine et la Turquie de débloquer encore 16 navires céréaliers.

En France, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a déclaré que l’Union européenne devrait œuvrer pour renforcer les exportations de céréales ukrainiennes par voie terrestre, «afin de faire en sorte que ceux qui ont besoin de céréales puissent en avoir à des prix qui soient raisonnables», a-t-il expliqué sur RMC, en évoquant le besoin d’activer un dispositif qui ne nous mette pas à la merci de la «mauvaise volonté» de Vladimir Poutine.

Ce travail s’inscrit dans le sillage d’un accord de coopération signé mi-septembre entre la France et la Roumanie afin de faciliter les exportations de céréales ukrainiennes par voie terrestre. Cette décision de la Russie n’aura pas «d’impact direct pour les Français» mais «la plus grande inquiétude» concerne les pays tiers hors de l’Union européenne (UE), «qui dépendent pour se nourrir de l’exportation du blé ukrainien».

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