
Les obligations vertes bravent la décision américaine sur le climat

Intesa Sanpaolo a placé hier le tout premier green bond du secteur financier italien. Les 500 millions d’euros ont été émis avec un spread de 83 points de base et le carnet d’ordres a frôlé 1,5 milliard d’euros. L’opération confirme la bonne dynamique de ce marché, malgré la décision du président américain Donald Trump d’engager les Etats-Unis vers un retrait de l’Accord de Paris sur le climat. La semaine dernière, TenneT et Three Gorges ont respectivement émis 1 milliard et 650 millions d’euros d’obligations vertes. Au total, depuis le début de l’année, 22,4 milliards d’euros de green bonds ont été émis, «soit près de trois fois plus que la moyenne des quatre semestres précédents», rappellent les analystes crédit de Natixis. Sur le seul segment corporate, les volumes atteignent 8,5 milliards d’euros.
Il y a deux ans, un retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris, aurait été «une catastrophe, mais aujourd’hui le marché des green bonds a sa propre vie», a reconnu la semaine dernière Eila Kreivi, la responsable des marchés de capitaux de la Banque européenne d’investissement, lors de la troisième assemblée générale annuelle des Green bond principles. «Nous avons vu énormément d’acteurs du marché américain nous disant qu’ils ne tenaient pas compte» de la décision de Donald Trump, a-t-elle ajouté. Apple a confirmé qu’il ne suivra pas la décision du président américain en émettant la semaine dernière son deuxième green bond pour un milliard de dollars.
La BEI, qui est le deuxième émetteur mondial de green bonds en volume en 2017, après la France, prévoit d’en placer 4 milliards d’euros chaque année pour financer des investissements de transition énergétique. Selon Bloomberg New Energy Finance, le marché mondial des obligations vertes pourrait atteindre 123 milliards de dollars cette année, contre 95 milliards en 2016 et 50 milliards en 2015.
Cette hausse des volumes devrait contribuer à fluidifier le marché, alors que leur faible liquidité, du fait notamment de la forte part des investisseurs de long terme dans ces émissions, «en fait des instruments plus volatils» et généralement plus chers que les obligations seniors classiques. «Mais sur un horizon plus long terme, la croissance du marché green ainsi que la poursuite de la demande pour les fonds engagés ISR pourraient changer la donne», concluent les analystes crédit.
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Climat : l'augmentation des canicules est liée aux émissions des producteurs d'énergies fossiles, selon des scientifiques
Paris - Le changement climatique a rendu les vagues de chaleur de ces deux dernières décennies plus probables et plus intenses, et les producteurs d'énergies fossiles et de ciment ont «significativement» contribué à cette tendance, conclut une étude publiée mercredi dans Nature. Ses auteurs, une équipe internationale, ont innové en se penchant sur une série de 213 canicules dans le monde durant la période 2000-2023. Ils ont aussi voulu s’intéresser plus particulièrement au rôle des grandes entreprises de production d'énergies fossiles et de ciment, émettrices de gaz à effet de serre. Les études d’attribution consistent généralement à mesurer le degré d’influence du changement climatique sur un événement météorologique extrême particulier. La singularité de cette étude est de passer en revue plusieurs épisodes. «Plus intenses et probables» «Cet article montre que le changement climatique a rendu plus de 200 vagues de chaleur plus intenses et plus probables, et que cette influence augmente», explique à l’AFP Yann Quilcaille, de l’ETH Zurich, auteur principal de l'étude. «Ensuite, nous montrons que les émissions associées aux plus gros producteurs d’énergies fossiles et de ciment contribuent significativement aux vagues de chaleur», souligne-t-il. Le changement climatique d’origine humaine a non seulement rendu les canicules plus probables mais, pour un quart d’entre elles (55 sur 213), cette probabilité a été augmentée d’au moins 10.000 fois. Autrement dit, elles auraient été quasiment impossibles sans le réchauffement du climat. L’influence de ce changement du climat se renforce fortement avec le temps: il a rendu les canicules 20 fois plus probables entre 2000 et 2009, et 200 fois plus probables entre 2010 et 2019. Les scientifiques ont ensuite voulu comprendre le rôle des 180 plus grosses entreprises productrices d'énergies fossiles et de ciment dans cette tendance. Pour leurs calculs, ils ont pris en compte toute la chaîne de valeur des entreprises et l’utilisation par les clients des produits qu’elles commercialisent. Ils ont par exemple attribué à chaque groupe pétrolier les émissions associées à l’essence qu’il a vendue, lorsqu’elle a ensuite été utilisée dans les voitures. Litiges en plein essor Résultat: les émissions liées à ces grandes entreprises ont contribué pour moitié à l’augmentation de l’intensité des canicules par rapport à l'ère pré-industrielle et ont aussi augmenté leur probabilité. Le rôle des 14 plus grosses «majors» (dont Saudi Aramco, Gazprom, Chevron ou BP) apparaît comme très important, pesant autant que les 166 autres entreprises étudiées, dont le rôle n’est pas négligeable pour autant. «Chaque producteur peut être suffisant à lui seul pour rendre possible des vagues de chaleur qui auraient été quasiment impossibles sans changement climatique», souligne Yann Quilcaille. Pascal Yiou, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui n’a pas participé à l'étude, y voit «un résumé de l'état de l’art actuel sur l’attribution des vagues de chaleur», relativisant auprès de l’AFP sa dimension innovante. Karsten Haustein, de l’université de Leipzig, juge pour sa part, dans un commentaire publié par Nature, qu’il s’agit d’un «bond en avant» qui peut être utile pour la justice et la diplomatie climatiques. Les auteurs concluent que l'étude pourrait «renforcer» le rôle de la science de l’attribution devant les tribunaux, alors que le nombre de litiges augmente. Dans un dossier emblématique, un paysan péruvien avait par exemple poursuivi l'énergéticien allemand RWE, l’accusant d'être indirectement responsable de la fonte d’un glacier proche de sa maison. La justice allemande a reconnu fin mai le principe d’une responsabilité mondiale des énergéticiens dans les dommages liés au changement climatique. Ces poursuites «visant des entreprises sont en plein essor, avec des procès contre RWE, Exxon, Shell, Chevron, Holcim, etc. Ces procès se basent souvent sur des résultats scientifiques dépassés, sans les derniers progrès, mais c’est en train de changer», juge Yann Quilcaille. «Le but de notre (étude) est scientifique» mais «nous sommes conscients de son potentiel» pour éclairer ces dossiers, indique le chercheur. © Agence France-Presse -
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