« Les marchés attendent une politique budgétaire plus active »

La parole à... Andreas Eisl, chercheur de l’Institut Jacques Delors
Clément et Mathieu Solal, à Bruxelles

andreas-eisl.jpg
Andreas Eisl, chercheur de l’Institut Jacques Delors

Qu’impliquent des taux d’intérêt bas pour la politique budgétaire à adopter en Europe ?

Les marchés anticipent que les taux vont rester bas, sinon ils ne seraient pas disposés à prêter à des conditions aussi favorables pour de si longues périodes. Les taux d’intérêt sur les dettes publiques démontrent par ailleurs que, d’une certaine façon, les acteurs privés attendent des Etats une politique budgétaire plus active, car ils sont le signe d’un manque d’opportunités d’investissements privés. Je pense qu’il y a un fort aspect structurel derrière le niveau des taux, lié notamment à l’excès d’épargne mondiale. S’ils étaient toutefois amenés à remonter ces prochaines années, alors la consolidation budgétaire deviendra une nécessité. Cela ne poserait pas pour autant un risque immédiat sur la soutenabilité de la dette des Etats si ceux-ci optent aujourd’hui pour un endettement à des maturités longues. Cette éventualité ne change donc rien à la politique d’investissements qui doit être appliquée maintenant dans chacun des Etats membres, le vrai risque étant bien de recourir trop tôt à de l’austérité.

Un lien peut-il être fait entre les réformes structurelles demandées par Bruxelles et les pourparlers qui vont s’engager sur les règles budgétaires européennes ?

Oui, et ce lien pourrait constituer un futur espace de compromis. Si la nature des réformes qui doivent être prévues dans le cadre du plan de relance européen demeure floue, il y a une volonté claire chez les « frugaux », en particulier les Pays-Bas et l’Allemagne, de voir la France et les pays du Sud abaisser leurs déficits structurels. Il n’y a, du reste, pas nécessairement de contradiction entre la mise en œuvre de ce type de réformes et une vraie politique de relance budgétaire. La réforme des retraites envisagée en France permettrait par exemple de faire des économies sur le long terme. Il faut toutefois prévoir des réformes qui soient politiquement acceptables. Les crises à répétition du système politique en Italie limitent le champ des possibles.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Budget

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...