
Les créanciers de Steinhoff s’organisent pour un long combat

Banques, fonds de dette cotée ou privée, fonds d’obligations convertibles… rares sont les prêteurs qui pourront échapper au dossier Steinhoff en 2018. Compte tenu de la taille de la dette supportée par le groupe d’origine sud-africaine, toutes les catégories de prêteurs du marché sont concernées par le scandale comptable qui ébranle le distributeur d’articles pour la maison. A ce stade, l’ampleur des irrégularités n’a toujours pas été chiffrée. Les chiffres 2017 et 2016 sont entre les mains de PwC, le cabinet appelé à la rescousse pour revoir les comptes initialement audités par Deloitte.
Dans une présentation publiée la semaine dernière en amont d’une réunion avec ses principales banques, Steinhoff a indiqué porter 10,7 milliards d’euros de dette au 14 décembre, dont 8,54 milliards pour ses seules sociétés européennes. Steinhoff Europe, la société autrichienne propriétaire de Conforama, supporte à elle seule 4,77 milliards d’euros de dette, répartie entre 2,65 milliards de crédits syndiqués, 800 millions d’obligations arrivant à échéance en 2025, 770 millions de Schuldschein et 550 millions de lignes de crédit bilatérales. En 2018, Steinhoff Europe devra rembourser 788 millions d’euros. Quant à Steihnoff Finance, société intermédiaire entre la maison mère néerlandaise et Steinhoff Europe, elle porte 2,68 milliards d’obligations convertibles.
Pour défendre leurs droits avant une possible restructuration de la dette en fonction de l’ampleur des pertes liées aux irrégularités comptables, les créanciers commencent à s’organiser. Le cabinet allemand spécialisé One Square Advisory Services a indiqué discuter avec des obligataires représentant 20% de la dette obligataire de Steinhoff Europe mais aussi avec des détenteurs de Schuldschein. Ces derniers sont d’autant plus pénalisés que la liquidité est, par nature, quasiment nulle sur le marché du Schuldschein et ne peuvent donc pas vendre, ou très difficilement, leurs titres. Les porteurs de dette convertible ont confié leur défense à Houlihan Lokey.
Face à cette situation, Steinhoff pare au plus pressé. Alix Partners a été chargé de mettre en place des mesures d’urgence pour préserver au maximum les liquidités. Le distributeur a prévenu la semaine dernière que plusieurs de ses lignes de crédit lui avaient été fermées tandis que des assureurs annulaient ou réduisaient des couvertures de crédit.
Plus d'articles du même thème
-
Worldline s'enfonce en Bourse après des accusations de paiements frauduleux
Une enquête de plusieurs médias pointe de nombreuses transactions illicites qu'aurait opérées la société française. Worldline, dont l'action a plongé de 38%, assure de son côté avoir renforcé son cadre de gestion des risques depuis 2023. -
Edmond de Rothschild écope d’une amende de 25 millions d’euros au Luxembourg
La banque a été reconnue coupable de blanchiment et de recel dans l'affaire 1MDB qui porte sur un détournement frauduleux de plusieurs milliards de dollars américains au préjudice du fonds souverain malaisien au début des années 2010. -
La fraude par le titulaire de compte a explosé en 2024
Ce type de fraude représentait plus d’un tiers du total dans le monde, et plus de la moitié en Europe (EMEA). L’IA pourrait entraîner un rebond des opérations malveillantes en 2025, après une année de stabilisation en 2024.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
Contenu de nos partenaires
-
Faire le bon diagnostic
Comptes publics : pourquoi la France a surtout un problème de dépenses
Une note du ministère des Comptes publics explique en détail l'augmentation spontanée du déficit lorsqu'aucune mesure n'est prise pour le contenir. En cause : des dépenses en roue libre -
Opiniâtre
Malgré ses difficultés avec les Etats-Unis, l’Inde regarde encore vers l’Ouest
Après une séquence au cours de laquelle il a marqué son rapprochement avec la Chine et la Russie, New Delhi s’efforce d’entretenir ses liens avec la sphère occidentale -
Au large de Tunis, la flottille pour Gaza dénonce une attaque de drone, le pouvoir tunisien dément
Tunis - La flottille pour Gaza a affirmé, vidéos à l’appui, avoir été visée dans la nuit de lundi à mardi par une «attaque de drone» au large de Tunis, mais les autorités tunisiennes ont assuré n’avoir détecté «aucun» engin selon leurs observations préliminaires. Des membres de la «Global Sumud Flotilla», qui doit prendre la mer avec des militants et de l’aide humanitaire pour la bande de Gaza assiégée par Israël, ont prévu de livrer mardi lors d’une conférence de presse à Tunis des témoignages «de première main» sur les événements. La flottille, qui était ancrée au large de Sidi Bou Saïd, près de Tunis, a affirmé qu’un de ses bateaux, le «Family», avait été «frappé» par un drone et publié des vidéos de caméras de surveillance montrant ce qui ressemble à une explosion. La Garde nationale tunisienne, l'équivalent de la gendarmerie, a elle démenti toute frappe de drone, assurant que selon ses premières constatations, «aucun» engin n’avait été détecté. Elle a jugé possible que le feu ait été déclenché par un mégot de cigarette. Mais l’une des vidéos publiées par la flottille, présentée comme ayant été prise depuis un autre bateau, montre une masse lumineuse frapper un navire. Dans une autre vidéo, provenant d’une caméra de surveillance du bateau lui-même selon la flottille, on entend un vrombissement. Puis on peut voir un militant lever les yeux, s’exclamer et reculer avant qu’une explosion ne se fasse entendre. Un éclair de lumière illumine ensuite la zone. Le militant brésilien Thiago Avila a publié dans une vidéo sur Instagram le témoignage d’un autre membre de la flottille assurant avoir vu un drone. «C'était à 100% un drone qui a lâché une bombe», a affirmé ce militant, Miguel. «Agression» Parmi les personnes devant s’exprimer ou dont les déclarations seront lues lors de la conférence de presse mardi figurent des responsables de la flottille ainsi que la rapporteure spéciale des Nations unies pour les Territoires palestiniens, Francesca Albanese, selon un communiqué. La flottille a affirmé que les six personnes à bord du «Family» étaient saines et sauves, faisant état de dégâts matériels et dénonçant «des actes d’agression visant à faire dérailler (sa) mission». Un journaliste de l’AFP arrivé rapidement dans la nuit de lundi à mardi à Sidi Bou Saïd a pu voir le bateau entouré par d’autres embarcations mais le feu n'était plus visible. Des centaines de personnes ont afflué vers le port de Sidi Bou Saïd en criant «Free, Free Palestine». Le port de Sidi Bou Saïd se trouve non loin du palais présidentiel de Carthage. «S’il est confirmé qu’il s’agit d’une attaque de drone, ce serait (...) une agression contre la Tunisie et la souveraineté tunisienne», a dit dans la nuit Francesca Albanese, qui vit en Tunisie, devant des journalistes au port. L’AFP a sollicité l’armée israélienne pour un commentaire, mais n’a pas obtenu de réponse dans l’immédiat. La bande de Gaza est le théâtre d’une guerre dévastatrice, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation «catastrophique». Des navires de la Global Sumud Flotilla («sumud» signifie «résilience» en arabe) sont arrivés ces derniers jours en Tunisie d’où ils doivent partir cette semaine pour Gaza. Ils avaient initialement prévu d’atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre afin d’y acheminer de l’aide humanitaire et «briser le blocus israélien», après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet. Lisa DEFOSSEZ © Agence France-Presse