
Les banques centrales prennent le pli du resserrement
Le resserrement monétaire est en marche. Les banques centrales dans les pays émergents mais aussi développés n’ont pas attendu la Réserve fédérale. Jeudi, la Norges Bank, qui a encore laissé ses taux inchangés, prévoit une première hausse des taux en septembre.
La banque centrale norvégienne a réitéré ces derniers mois son intention de resserrer sa politique monétaire dès cette année. L’économie norvégienne se relève de la crise sanitaire plus rapidement et fortement qu’anticipé, notent les stratégistes de Nordea. Le marché était partagé sur le calendrier de cette première hausse. La Norges Bank a clarifié la situation.
«Elle a confirmé ses prévisions sur les futures hausses de taux en signalant clairement la première hausse en septembre, soulignent les stratégistes taux de Danske Bank. La trajectoire a également été relevée, avec non seulement des hausses de taux plus précoces mais aussi plus nombreuses que dans la déclaration de mars.» L’institution monétaire compte relever ses taux à quatre reprises d’ici un an, a indiqué son gouverneur, Oeystein Olsen.
«Ce message plus restrictif est conforme à nos anticipations mais a quelque peu surpris le marché», relèvent les stratégistes de Nordea pour qui un resserrement encore plus rapide n’est pas exclu à mesure que les taux longs sur les marchés internationaux grimperont à nouveau.
Le Selic relevé pour la 3e fois
Outre la dynamique de leurs économies, la plupart des banques centrales ayant annoncé un prochain resserrement de la politique monétaire ou déjà relevé les taux, se calent aussi sur la Fed, notamment dans les pays émergents. Le Brésil a relevé mercredi, pour la troisième fois consécutive, son principal taux directeur, le Selic, de 75 points de base (pb), à 4,25%.
La décision était attendue mais pas le ton encore plus restrictif de l’institution monétaire. La banque centrale a modifié sa stratégie en remplaçant l’objectif d’une normalisation partielle par la neutralité de sa politique. La distinction est importante car cela signifie que le taux Selic pourrait grimper à 6,5% d’ici un an, voire davantage si la banque centrale ne souhaite pas se trouver derrière la courbe. Le resserrement monétaire de la Fed est un élément important mais le pays est aussi confronté à une inflation supérieure à la cible de la banque centrale (inflation de 8,2% contre 3,75%).
Plusieurs pays d’Europe centrale, également confrontés à une forte inflation, ont rejoint ces derrières semaines les rangs des banques centrales hawkish. La Hongrie pourrait être, dès la semaine prochaine, la première institution de l’Union européenne à relever ses taux depuis le début de la crise, suivie probablement par la banque centrale tchèque.
Aux antipodes, la Nouvelle Zélande et l’Australie sont également sur le chemin du resserrement. Les indicateurs économiques favorables renforcent ce scénario. Jeudi, la Nouvelle-Zélande a annoncé une croissance de 1,6% au premier trimestre, en rythme trimestriel, supérieure aux attentes (+0,5%). En Australie, le marché de l’emploi continue de s’améliorer. La réunion de la banque centrale d’Australie en juillet sera un moment important, alors que cette dernière a clairement lié sa politique à celle de la Fed, note-t-on chez Deutsche Bank. La sortie des politiques de crise s’organise.
Plus d'articles du même thème
-
La semaine prochaine, Christine Lagarde et Jerome Powell seront sur le gril
Les deux banquiers centraux seront interrogés sur leurs récentes décisions de politiques monétaires. Des indicateurs d'inflation sont aussi attendus en Europe et aux Etats-Unis. -
La Banque du Japon entretient le flou sur sa sortie des taux négatifs
Le gouverneur de la Banque du Japon a fait marche arrière concernant une possible remontée des taux avant la fin de l'année, douze jours après avoir dit l’inverse dans une interview. -
La Banque du Japon opte pour le statu quo
La banque centrale a maintenu ses taux inchangés, comme attendu, et poursuit sa politique monétaire accommodante.
Sujets d'actualité
- Société Générale : le mythe têtu de la «création de valeur»
- La Société Générale dévoile des ambitions décevantes pour 2026
- Après les années Oudéa, Slawomir Krupa met la Société Générale au régime sec
- L’ancien patron de la Bred, Olivier Klein, arrive chez Lazard
- La zone euro se dirige vers la récession
Contenu de nos partenaires
-
Exclusif
Séisme au Maroc: dans les coulisses du jour le plus long de Mohammed VI
L'Opinion a reconstitué les premières heures post sinistre du roi du Maroc pour répondre à la catastrophe naturelle la plus mortelle de son règne -
Spécial Pologne
« Les Russes veulent revenir » - la tribune d'Eryk Mistewicz
« Il y a 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne. À en croire les idéologues de Poutine, les Russes aimeraient aujourd'hui retourner en Pologne et dans toute l'Europe centrale. Nous faisons tout, nous, Polonais et Ukrainiens, Français aussi, tous en Europe et aux États-Unis, pour les en empêcher », explique le président de l'Instytut Nowych Mediówryk. -
Editorial
Antonio Guterres, le prophète de malheur qui ne fait peur à personne
Le Secrétaire Général de l’Onu va crescendo dans les prévisions apocalyptiques