Les banques centrales libèrent les marchés

Le ton perçu comme plus accommodant a permis une poursuite du rallye de début d’année. Un mouvement exagéré pour certains.
Xavier Diaz
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Depuis le début de l’année, l’indice Nasdaq a bondi de 16,6% et l’Euro Stoxx 50 a gagné 12%.  -  AdobeStock

Les marchés n’attendaient qu’un signal des banques centrales pour donner un nouveau coup d’accélérateur au rallye de début d’année. Après les décisions, sans surprise, et le ton, jugé plus accommodant, de la Réserve fédérale américaine mercredi et de la Banque centrale européenne jeudi, l’ensemble des classes d’actifs a fortement rebondi. Côté actions, à Wall Street, l’indice Nasdaq, dont la composante croissance le rend particulièrement sensible aux évolutions des taux, a fortement progressé au cours de cette séance (+3,25%) et enregistre désormais la meilleure performance depuis le début de l’année (+16,6%) parmi les places boursières. En Europe, si les marchés actions ont également bien réagi, l’indice Euro Stoxx 50 a progressé de 1,6% et gagne désormais 12% depuis le début de l’année, le plus gros mouvement a été sur les marchés de taux avec des resserrements de plus de 20 points de base (pb) pour le Bund dans la foulée de la réunion de la BCE jeudi et de 40 pb pour le BTP italien, son resserrement le plus fort depuis mars 2020.

«Les deux réunions de la Fed et de la BCE ont eu à peu près la même tonalité, interprétée par le marché comme le signal d’un prochain pivot», souligne Florian Ielpo, responsable macro chez Lombard Odier AM. Comme prévu, la Fed a ralenti sa hausse de taux à 25 points de base (pb) et la BCE a relevé les siens de 50 pb. «Globalement, le message est que le pic d’inflation totale est désormais derrière nous et que l’arrêt des hausses de taux est proche avec un décalage entre la Fed et la BCE, mais peu significatif», explique Yasser Talbi, gérant obligataire chez Indosuez Gestion.

Marché sous-exposé

Par ailleurs, les banquiers centraux n’ont pas cherché à démentir les anticipations des marchés sur les taux. «Sans valider de façon explicite les anticipations des marchés, les banques centrales ne se sont pas opposées à leurs anticipations sur l’évolution des taux», note Emmanuel Cau, stratégiste chez Barclays. Ils anticipent des baisses de taux de la Fed dès le second semestre cette année. Il y a clairement un rééquilibrage entre croissance et inflation dans la fonction de réaction des banques centrales, qui réduit la perception sur le risque d’erreur de politique monétaire. «Cela valide le retour sur les marchés des investisseurs qui avaient manqué le coche jusqu’à présent », poursuit Emmanuel Cau.

«A court terme c’est positif car les banques centrales lâchent la pression à un moment où tout le monde est sous-exposé», ajoute Florian Ielpo pour qui les obligations souveraines devraient le plus en profiter. De fait, le retour des investisseurs très défensifs a pu exacerber les mouvements sur les marchés jeudi. «Beaucoup d’investisseurs avaient un positionnement très défensif sur les taux zone euro depuis fin décembre, après la réunion très hawkish de la BCE, note Yasser Talbi. Ensuite, l’incertitude sur le rythme et l’ampleur des futures hausses de taux des banques centrales a fortement diminué ce qui un impact sur la volatilité des marchés de taux. » La forte volatilité sur les taux était l’un des freins au positionnement plus marqué des investisseurs sur les marchés de taux. Le gérant d’Indosuez Gestion ajoute par ailleurs qu’historiquement les investisseurs sont revenus sur ce marché pendant les phases de resserrement monétaire au moment de la dernière ou de l’avant-dernière hausse de taux des banques centrales.

La réaction du marché semble exagérée pour certains. «Nous sommes très surpris alors qu’il n’y a pas eu de surprise par rapport aux attentes et que le ton n’est pas vraiment dovish, contrairement à l’interprétation du marché», juge Nadège Dufossé, responsable de l’allocation d’actifs chez Candriam qui voit dans ce rebond un mouvement d’achat panique. «Il nous semble que le rallye touche à sa fin et même si des flux supplémentaires, motivés par le sentiment que les banques centrales sont plus accommodantes, peuvent permettre de l’allonger un peu nous sommes beaucoup moins confortables que nous l’étions en début d’année», affirme Nadège Dufossé, qui aurait plutôt tendance à alléger ses positions à ce stade. Yasser Talib chez Indosuez Gestion se veut aussi prudent après l’euphorie de jeudi. Un sentiment partagé par Franck Dixmier : «les investisseurs ont choisi de retenir ce qui les arrangeait, le constat factuel sur la baisse de l’inflation globale, qui ne présage en rien d’une volonté de ralentissement de la BCE, remarque le directeur des gestions obligataires chez Allianz Global Investors. Les marchés doutent de la volonté des banques centrales mais ne pourront supporter la moindre surprise à la hausse sur l’inflation

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