
L’économie de la zone euro pâtit de l’absence de dynamique interne

Huit ans après le début de la Grande Récession, «l'économie mondiale est toujours en rémission», estime l’OFCE dans ses prévisions pour le monde, publiées le 19 octobre, sous la direction d’Eric Heyer et Xavier Timbeau. Les stigmates de la crise ne sont pas encore effacés et le chômage reste élevé en zone euro, poursuit le centre de recherche économique de sciences Po.
Même si la reprise est enclenchée dans l’ensemble des zones géographiques, «de nombreux facteurs alimentent la fragilité de la croissance», des facteurs d’incertitude fragilisent aujourd’hui l'économie mondiale et en particulier l’Europe avec le vote en faveur du Brexit. L'économie britannique sera logiquement la plus touchée par ce choc. Ailleurs, l’impact à court terme sera modéré. Après le risque de Grexit, cette nouvelle crise vient une nouvelle fois alimenter les doutes sur la pérennité de la construction européenne et de la monnaie unique et pourrait déclencher de nouvelles tensions sur les marchés financiers.
Au-delà de son impact direct, le Brexit créé une nouvelle source d’incertitude notamment en Europe, à un moment charnière où les facteurs (prix du pétrole, baisse de l’euro) qui avaient largement soutenu l’activité en 2014-2016 s’estompent progressivement. La croissance reculerait nettement au Royaume-Uni sous l’effet du Brexit (tableau 1) et plus modérément dans le reste de l’Europe. L’impact du Brexit sur les partenaires du Royaume-Uni serait relativement faible.
Les États-Unis ne seraient que modérément touchés par le choc mais la croissance du PIB passera ainsi de 2,4 % en 2015 à 1,6 % en 2016 notamment du fait d’un premier semestre en demi-teinte. Du côté de la zone euro, la croissance passerait de 2 % en 2015 à 1,6 % en 2016 puis 1,3 % en 2018. Ce ralentissement de la croissance montre qu’une dynamique interne vertueuse peine à prendre le relais des facteurs favorables qui avaient permis d’enclencher la reprise.
Les sources d’incertitude sont multiples, souligne l’OFCE. Parmi elles, la transition de l'économie chinoise, le Brexit et l’avenir de l’Union européenne, la situation des finances publiques et l’absence de gouvernement en Espagne, la crise migratoire sont autant de facteurs à la fois politiques et économiques qui favorisent l’attentisme, le repli sur soi et freinent la prise de risque. Il en résulte une situation où les ménages privilégient l'épargne à l’investissement, ce qui réduit la croissance et confirme les craintes d’une économie mondiale enfermée dans une trappe à faible croissance et inflation basse, validant ex post les analyses pointant la baisse de la productivité et de la croissance potentielle.
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Canonisation de Carlo Acutis au Vatican, le premier « saint millenial »
Cité du Vatican - Une foule compacte s’est rassemblée dimanche matin au Vatican pour la canonisation de Carlo Acutis, un adolescent italien féru d’internet mort en 2006, qui deviendra ainsi le premier millenial déclaré «saint». Lors de cette messe solennelle, qui a débuté à 10H00 (08H00 GMT) sur la place Saint-Pierre, le pape Léon XIV canonisera également un autre jeune Italien, l'étudiant laïc Pier Giorgio Frassati (1901-1925), un passionné d’alpinisme réputé pour son engagement social et spirituel. Sous un grand soleil, des milliers de fidèles, dont beaucoup de jeunes, exhibant des drapeaux de leur pays ou des images à l’effigie de l’adolescent, se sont massés sur la place. «Je suis heureux de voir tant de jeunes!» leur a lancé le pape Léon XIV, quelques minutes avant le début de la cérémonie. La canonisation de Carlo Acutis, emporté à l'âge de 15 ans par une leucémie foudroyante, était initialement prévue le 27 avril, mais avait été reportée en raison de la mort du pape François. «geek de Dieu» Surnommé le «cyber-apôtre» ou «geek de Dieu» pour ses talents en informatique qu’il mettait à profit pour parler du Christ, ce jeune homme né à Londres en 1991 dans une famille peu pratiquante était habité d’une foi précoce et brûlante, au point de se rendre à la messe chaque jour. «Carlo Acutis était un exemple pour moi, car il a su allier son quotidien – l'école, le football et sa passion pour l’informatique – à une foi inébranlable», a confié à l’AFP Filippo Bellaviti, 17 ans, originaire de Vignate près de Milan (nord), venu avec un groupe pour la journée. «Il n’avait que 15 ans à sa mort et il a accompli tant de choses. Cela montre que même jeune, on peut faire beaucoup, avoir un impact sur le monde», a renchéri Eleanor Hauser, une adolescente américaine du même âge originaire de Caroline du Nord. Le Vatican a reconnu à Carlo Acutis, béatifié en 2020 par le pape François, deux miracles posthumes: la guérison d’un enfant brésilien atteint d’une rare malformation du pancréas, puis celle d’une étudiante costaricienne grièvement blessée dans un accident. Avec près d’un million de visiteurs en 2024, selon le diocèse, la fréquentation est en hausse continue au Sanctuaire de la Spoliation à Assise (centre) où le corps de l’adolescent, visage joufflu et cheveux de jais, est exposé en jeans, baskets et veste de jogging. «Je sais que beaucoup viendront, beaucoup suivront à la télévision (...) Et je suis sûre que Carlo les remercie ", a déclaré sa mère, Antonia Salzano. «Nous sommes tous appelés à être saints… chacun est spécial», a-t-elle déclaré dans une vidéo publiée samedi par le diocèse d’Assise. Comme le veut la tradition, une tapisserie avec une photo du jeune homme, vêtu d’un polo rouge et portant un sac à dos, a été déployée sur la façade de la basilique Saint-Pierre au Vatican, une image qui tranche avec les portraits habituels de saints. Procédure ultra-rapide L’Eglise catholique promeut le parcours du jeune homme auprès des jeunes, qui s’identifient plus facilement à sa vie quotidienne qu’avec le quotidien austère de certains martyrs du Moyen-Âge. La canonisation - étape finale vers la sainteté dans l’Eglise catholique, succédant à la béatification – est le fruit d’un long et méticuleux processus et ne peut être approuvée que par le pape. Elle requiert trois conditions : être mort depuis cinq ans au moins, avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles. Cette décision fait l’objet d’un «procès» (enquête) instruit au Vatican: des spécialistes (médecins, théologiens) sont notamment chargés d’évaluer l’existence de miracles - souvent des guérisons non expliquées scientifiquement. Le procès de canonisation du jeune homme a été extraordinairement rapide. Déclaré «saint» à ses côtés dimanche, Pier Giorgio Frassati, né à Turin dans une famille bourgeoise, avait rompu avec le parcours de son père, sénateur et fondateur du quotidien La Stampa, pour se mettre au service des pauvres et des malades de sa ville. Mort à 24 ans d’une poliomyélite, cet étudiant en ingénierie, béatifié par Jean-Paul II en 1990, résumait son idéal par la devise «Verso l’alto», toujours tendre vers le haut. Cette cérémonie de canonisation, la première pour le pape Léon XIV depuis son élection en mai, intervient en plein Jubilé, «Année sainte» de l’Eglise catholique. Clément MELKI © Agence France-Presse -
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