
L’écart de valorisation entre l’Europe et les Etats-Unis pourrait s’accroître en 2025

Confiant mais prudent. Après les belles performances des marchés actions en 2024, le Panel Actions vise une hausse modérée des Bourses en 2025 : +6,9% sur le CAC 40, +6,1% sur l’Euro Stoxx 50, +7,4% sur le S&P 500, et + 6,7% sur le Nikkei. Les 18 gérants interrogés par L’Agefi entre le 18 décembre 2024 et le 2 janvier 2025 ont majoritairement conservé leurs cibles du mois dernier. Les autres ont légèrement relevé leurs objectifs. Quelques-uns les ont même abaissés.
La contre-performance du CAC 40, en recul de 2,15% l’an dernier, n’a pas incité les panélistes à jouer le rattrapage. Son potentiel de hausse est seulement de 3,7% à six mois, et de 6,9% à un an. Pire, Richelieu Gestion, Lazard, Oddo BHF et Sycomore AM estiment qu’au début de l’été l’indice sera au mieux à son niveau actuel. Et Lazard anticipe même une stagnation sur l’ensemble de l’année. Seul CMAM table sur une progression de 7% en six mois, et de 12% sur un an.
Même tendance pour l’Euro Stoxx 50, qui s’est pourtant bien mieux comporté l’an dernier, en hausse de 8,8%. Il devrait gagner 3,2% sur six mois et 6,1% sur un an. Lazard et Richelieu misent sur une année blanche, tandis que Sienna IM croit à un rebond de 12%.
«Bien que les valorisations des actions de la zone euro soient très attrayantes en comparaison historique, elles sont justifiées par des perspectives de croissance des bénéfices faibles, souligne Claudia Panseri, chief investment officer chez UBS WM France. Nous prévoyons une lente reprise des bénéfices de la zone euro, avec une croissance de 5% en 2025, reflétant la faiblesse de la demande mondiale et les possibilités limitées d’expansion des marges.»
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Le S&P 500 conserve le plus fort potentiel de hausse
Après son rebond de plus de 23% en 2024, le S&P 500 conserve du potentiel, de 4,7% à six mois et de 7,4% à un an. Lazard et State Street anticipent néanmoins une stagnation sur le premier semestre. En revanche, CMAM, Raymond James et Richelieu Gestion voient l’indice à 6.600 points fin 2025, soit un gain de 11%.
En 2025, la performance du marché actions «reposera essentiellement sur les résultats des entreprises, relevait récemment Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. En la matière, les entreprises américaines ont un avantage certain. Les investisseurs anticipent 11% de croissance des profits du S&P 500, contre seulement 3% en Europe.» Amplegest continue à surpondérer les actions américaines «en raison de la dynamique de croissance favorable outre Atlantique».
Le Nikkei, en hausse de 19,2% l’an dernier, gagnerait seulement 4,3% à six mois et 6,7% à un an. Le plus optimiste, Carmignac, vise les 45.000 points dans un an, soit une progression de plus de 15%.
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Clairvoyance de Goldman Sachs et d’OFI Invest sur l’Euro Stoxx 50 en 2024
Le début de l’année est aussi celui des bilans. Un an plus tôt, le Panel avait été bien trop optimiste sur la place parisienne. Les plus proches étaient Axa IM, Groupama AM et Sycomore AM avec une cible à 7.500 points. Sur l’Euro Stoxx 50, Goldman Sachs et OFI Invest AM ont fait preuve d’une incroyable clairvoyance, pile en ligne avec le cours du 31 décembre, et au-dessus des anticipations du Panel. En revanche, aucune gestion n’avait anticipé la nouvelle année spectaculaire du S&P 500, ni celle, pourtant moins exceptionnelle, du Nikkei.


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Chine : l'industrie et la consommation marquent le pas
Pékin - La croissance de la production industrielle et celle des ventes au détail en Chine ont ralenti en août davantage qu’attendu, symptômes des difficultés persistantes de la deuxième économie mondiale, indiquent des données officielles publiées lundi. La crise prolongée du secteur immobilier, jadis moteur économique, une demande internationale plus faible ainsi qu’un taux de chômage élevé chez les jeunes Chinois pèsent sur la consommation des ménages et le moral des entreprises. Dans ce contexte, la production industrielle a connu en août son taux de croissance le plus bas depuis un an, avec une progression de 5,2% en glissement annuel, selon le Bureau national des statistiques (BNS). C’est bien inférieur à la prévision moyenne d’analystes interrogés par l’agence Bloomberg (+5,6%). La croissance de la production industrielle n’avait plus connu un niveau aussi bas depuis août 2024 (+4,5%). La faiblesse de la demande internationale est l’un des éléments d’explication. Les ventes de détail, principal indicateur de la consommation, ont encore ralenti en août, avec une progression de 3,4% seulement sur un an, selon le BNS. Il s’agit de leur rythme le plus faible en neuf mois et il est très inférieur lui aussi aux prévisions des économistes interrogés par Bloomberg (+3,8%). La baisse des ventes coïncide avec l’essoufflement d’un programme, subventionné par les autorités pour stimuler la consommation, de reprise de biens (produits électroniques, réfrigérateurs, climatiseurs, etc.) pour les ménages qui souhaitent acheter du neuf. Cette faiblesse durable des ventes alimente les craintes d’une spirale déflationniste. «Perte de vitesse» «L’environnement externe reste marqué par de fortes instabilités et incertitudes, et les performances économiques (de la Chine) continuent de faire face à de nombreux risques et défis», a affirmé lundi Fu Linghui, économiste en chef du BNS, devant la presse. Sur le front de l’emploi, aucune amélioration n’est constatée: le taux de chômage s'élevait à 5,3% en août, en hausse de 0,1 point par rapport à juillet. «Les derniers chiffres montrent une nouvelle perte de vitesse le mois dernier», indique dans une note Zichun Huang, économiste au cabinet Capital Economics. «Si une partie s’explique par des perturbations temporaires liées à la météo, le ralentissement de fond est net, ce qui accroît la pression sur les autorités pour renforcer leur soutien» budgétaire, souligne-t-elle. Signe du marasme dans l’immobilier: les prix des logements neufs ont encore reculé en glissement annuel dans 65 des 70 villes suivies par le BNS, selon des données publiées lundi. «Ce déclin du marché immobilier est un facteur clé derrière la faiblesse du moral des consommateurs», souligne dans une note Lynn Song, économiste à la banque ING. Guerre commerciale Malgré une série de mesures de relance prises depuis l’an dernier par les autorités, l’activité peine à reprendre ses couleurs de l’avant-Covid. «Les signaux venant du marché du travail ne s’améliorent pas et les vents contraires venus de l'étranger s’intensifient», souligne Sheana Yue, du cabinet Oxford Economics. Elle avertit du fait que «l'économie pourrait connaître un coup d’arrêt au quatrième trimestre» si la faiblesse de l’activité se prolonge. Le gouvernement chinois s’est fixé un objectif ambitieux «d’environ 5%» de croissance pour cette année mais celui-ci est compliqué par le contexte national et l’offensive commerciale lancée par le président américain Donald Trump. La Chine et les Etats-Unis ont entamé dimanche de nouvelles discussions commerciales à Madrid pour tenter de trouver des accords sur leurs différends. Pékin et Washington se sont livré une véritable guerre commerciale en début d’année, répondant chacun aux hausses de droits de douane de l’autre. Les deux pays sont ensuite convenus d’une trêve commerciale jusqu'à novembre. Leur accord a temporairement fixé à 30% les taxes américaines sur les produits chinois et 10% celles de Pékin sur les marchandises américaines. Peter CATTERALL et Ludovic EHRET © Agence France-Presse -
Sébastien Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure
Paris - Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l’automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. «On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois à ce moment», a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Le Parti communiste de Fabien Roussel a également indiqué à l’AFP être reçu mercredi, à 18H00. Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d’abord les partis de son «socle commun» (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi. Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c’est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs. Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement. Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l’année prochaine que ce qu’envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros). Mais Sébastien Lecornu, s’il s’est dit prêt samedi à «travailler sans idéologie» sur les questions «de justice fiscale» et de «répartition de l’effort», a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel «car c’est ce qui permet de créer des emplois». «Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d’actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions», lui a répondu M. Faure. «Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l’essentiel de leur richesse, en réalité, vous n’avez rien à imposer», a-t-il argumenté. «C'était déjà le problème avec l’Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les petits riches et épargnaient les ultrariches parce que les ultrariches placent leur argent dans des holdings», a-t-il reconnu. © Agence France-Presse