
Le ralentissement chinois menace la croissance mondiale

La Chine encaisse les coûts de sa politique restrictive en matière d’immobilier et d’énergie. La deuxième économie mondiale a accentué au troisième trimestre son ralentissement, la croissance de son produit intérieur brut (PIB) passant de 7,9% au deuxième trimestre à 4,9%, en rythme annuel, selon les données publiées lundi par l’institut de statistiques chinois.
«Le PIB du troisième trimestre et les données d’activité de septembre, qui sont inférieurs au consensus, montrent une détérioration des perspectives de croissance en raison d’une combinaison de chocs d’offre et de demande», affirme Ting Lu, économiste chez Nomura, qui anticipe une poursuite de cette tendance avec une croissance de seulement 3% au quatrième trimestre. «Elle devrait rester faible jusqu’au printemps 2022 alors que l’économie chinoise fait face à de forts vents contraires dont les contraintes sur l’immobilier et les pénuries d’énergie», poursuit ce dernier.
La baisse en septembre de la croissance de la production industrielle à 3,1%, par rapport à l’année précédente, après +5,3% en août, témoigne à la fois des pénuries de composants et d’énergie.
Chute de l’immobilier
Le net ralentissement dans le secteur immobilier a aussi fortement pesé sur l’activité et devrait continuer de jouer dans la dynamique de croissance. Les investissements ont baissé de 1,8% en septembre après 1,1% en août. «La faiblesse des investissements immobiliers reflète des conditions de financement plus restrictives pour les promoteurs consécutives aux mesures sans précédent prises par Pékin ainsi que le risque Evergrande», souligne l’économiste de Nomura qui note que le repli serait encore plus marqué une fois pris en compte le bond des prix à la production (+10,7% en septembre).
Les investisseurs attendent désormais un geste de Pékin sur sa politique monétaire et budgétaire. Peu anticipent toutefois une intervention massive comme en 2008 ou 2015. D’aucuns tablent, côté banque centrale, sur une réduction du ratio de réserve des banques, pour maintenir une liquidité abondante dans le système, mais toujours ciblée. Ting Lu, qui ne croit pas à cette hypothèse, pense même que les chances pour que la Banque populaire de Chine (PBoC) réduise ses taux s’amenuise avec la hausse de l’inflation et le fait que la faiblesse de la croissance n’est pas due à une pénurie de liquidité mais aux goulots d’étranglement, à la crise énergétique et au Covid-19.
Pas de stimulus massif
Yi Gang, le gouverneur de la PBoC, a affirmé dimanche, avant la publication de ces chiffres, que la reprise économique chinoise demeurait intacte même si le momentum s’était quelque peu modéré. Il prévoit une croissance de 8% cette année alors que le gouvernement s’était fixé un objectif de 6% en début d’année.
La Chine ne semble plus vouloir endosser le rôle de moteur dans la reprise mondiale. Dans son dernier rapport de stabilité financière, le Fonds monétaire international (FMI) montre combien les conditions financières en Chine sont aujourd’hui plus restrictives par rapport aux grandes économies avancées, notamment comparé à 2008. Cela s’explique en grande partie par la reprise de la politique de désendettement, notamment dans le secteur immobilier, par Pékin dès la fin d’année 2020 quand l’économie chinoise était rétablie après la crise sanitaire.
Cela se traduit par une chute des indicateurs d’impulsion de crédit en Chine avec lesquels l’activité économique est très corrélée. «Nous soulignons depuis quelques mois le resserrement des conditions financières en Chine et nous sommes ravis d’avoir la confirmation du FMI!», ironise Albert Edwards, stratégiste chez Société Générale CIB qui anticipe un impact marqué sur la croissance des économies occidentales. La chute intervient avec six à 12 mois de décalage par rapport au crédit chinois mais dans cette crise si particulière, l’impact pourrait être plus rapide.
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Wall Street enchaîne les records après la baisse des taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a clôturé dans le vert vendredi, à l’issue d’une semaine marquée par la première baisse de taux de la Réserve fédérale (Fed) de l’année qui a poussé la place américaine à de nouveaux sommets. Le Dow Jones a pris 0,37%, l’indice Nasdaq a gagné 0,72% et l’indice élargi S&P 500 a progressé de 0,49%. Les trois indices ont atteint de nouveaux records en clôture pour la deuxième séance consécutive. «Aucun catalyseur n’est à signaler en cette fin de semaine, compte tenu d’un calendrier économique américain vide», résume Jose Torres, d’Interactive Brokers. L’analyste n’a d’ailleurs pas remarqué «d’impact significatif des résultats positifs annoncés ce matin à l’issue de l’entretien téléphonique entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping». Le président américain a assuré vendredi que des «progrès» avaient été faits sur TikTok pendant un échange avec son homologue chinois Xi Jinping, tandis que Pékin a appelé au respect d’un environnement d’affaires «non-discriminatoire» dans cet épineux dossier. Selon Christopher Low, de FHN Financial, les investisseurs continuent à se montrer «encouragés» par la détente monétaire engagée mercredi par la banque centrale des Etats-Unis avec la baisse des taux directeurs d’un quart de point de pourcentage. Sur la place américaine, «tout le monde aimerait que la Fed baisse les taux davantage et plus rapidement, mais seulement si cela se justifie», ce qui signifie que Wall Street est «satisfaite» du ton adopté par le président de l’institution Jerome Powell, assure M. Low. Selon la médiane des prévisions des responsables de la Fed, deux baisses de taux supplémentaires (d’un quart de point chacune) sont anticipées en 2025. Mais M. Powell s’est gardé mercredi d’y voir plus que des hypothèses, rappelant que la Réserve fédérale devra analyser de nouvelles données économiques, sur l’inflation et l’emploi aux Etats-Unis, avant de statuer à nouveau sur ses taux. Par ailleurs, pour Jose Torres, les investisseurs «examineront le ton et les messages des responsables de la banque centrale» lors des prochains jours, certaines déclarations étant susceptibles de faire évoluer les anticipations quant au calendrier de la Fed. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance dix ans évoluait vers 20H25 GMT autour de 4,13%, contre 4,10% la veille en clôture. Côté entreprises, Microsoft (+1,86% à 517,93 dollars) a été recherché après avoir annoncé que les prix de ses consoles Xbox augmenteraient à partir de début octobre en raison des «changements dans l’environnement macroeconomique». Le groupe américain de livraison de plis et de colis Fedex (+2,32% à 231,75 dollars) a profité de résultats supérieurs aux attentes pour le premier trimestre de son exercice décalé. Le groupe spécialisé dans les services aux entreprises (conseil et informatique) Cognizant (-4,73% à 66,94 dollars) a été boudé après l’annonce par la Maison Blanche de la mise en place de frais de 100.000 dollars pour des visas de travail très utilisés dans la tech. Nasdaq © Agence France-Presse -
Le gouvernement en voie d'enterrer le service national universel
Paris - «Mise en extinction": l’exécutif semble en voie d’enterrer le service national universel (SNU), un projet cher à Emmanuel Macron qui a connu beaucoup de vicissitudes et pourrait être remplacé par un service militaire «volontaire». Au détour d’un communiqué publié vendredi, le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté ministre démissionnaire des Armées, a annoncé la suppression de plusieurs structures, dont la délégation générale en charge du SNU le 1er janvier prochain, du fait de la «mise en extinction» du dispositif et de la «création prochaine du service militaire volontaire». Sauf que la suppression du SNU en soi, un dispositif promis par le candidat Emmanuel Macron en 2017, n’a jamais été officiellement annoncée. Le président de la République avait annoncé en mars «une grande refonte» du SNU et dit en juillet qu’il voulait «donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir, selon d’autres modalités, au sein de nos armées», promettant des annonces "à l’automne». Un service militaire volontaire était alors envisagé, sans être acté. La France a suspendu la conscription en 1997. Destiné aux jeunes âgés de 15 à 17 ans, le SNU comporte une «mission d’intérêt général» et un «séjour de cohésion» comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées qui débutent par la «levée des couleurs» (drapeau et hymne national) et le port de l’uniforme. «Parcours d’engagement» Depuis mars 2024, ce dispositif d’engagement citoyen est aussi intégré au temps scolaire, avec un stage de douze jours pour les élèves en classe de seconde, volontaires. La promesse initiale du candidat d’En Marche était d’instaurer un «service national» obligatoire d’une durée d’un mois pour les jeunes âgés de 18 à 21 ans, encadré par les armées et la gendarmerie nationale. Le SNU va désormais être transformé en «parcours d’engagement» piloté par la Direction de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA), qui dépend du ministère des Sports, a précisé à l’AFP Matignon, sans plus de détails. Lancé en 2019, avec des crédits depuis rabotés, le SNU n’a jamais trouvé son rythme de croisière. «On a tous fait le constat que c'était extrêmement cher et à la fin on ne sait pas tellement à quoi ça a servi. Et ça ne répond pas aux besoins du ministère des Armées en termes opérationnels», résume une ministre. La piste de sa généralisation pour la rentrée 2026, lancée par le Premier ministre Gabriel Attal (9 janvier - 5 septembre 2024) et qui s'était heurtée à de vives résistances, a été abandonnée. L’objectif était d’attirer 66.000 volontaires en 2025 (après 80.000 en 2024), mais seuls 35.700 jeunes s'étaient inscrits à l’automne 2024. Et les crédits alloués par le gouvernement étaient passés à l'époque de 130 à 80 millions d’euros. Depuis, la dissolution, l’absence de majorité à l’Assemblée nationale et les coups de rabots budgétaires semblent avoir sonné le glas de cette «ambition» promise par le chef de l'État. - «Coût significatif» - La Cour des comptes avait dressé en outre, il y a un an, un bilan sévère du SNU, critiquant des objectifs «incertains», un coût «largement sous-estimé», et des «difficultés de déploiement». Dans un document annexe au rapport de la juridiction, le ministère des Armées lui-même admettait «la nécessité de clarifier» les objectifs du SNU «et de créer les conditions d’un pilotage» qui soit «adapté à l’ambition gouvernementale retenue». Mercredi, la commission des Affaires culturelles et de l'éducation de l’Assemblée nationale a examiné un rapport de deux députés de l’opposition (Idir Boumertit pour LFI et Maxime Michelet pour l’UDR) sur les «conditions d’accueil et d’encadrement» des séjours de cohésion du SNU, qui préconise la «suppression» du dispositif. «Cinq années après une mise en place pour le moins chaotique, où la communication ministérielle a primé sur le fond, force est de constater que le SNU (...) demeure un dispositif expérimental, en évolution constante, dont la généralisation reste un leurre», estiment les rapporteurs, qui pointent des objectifs «pas (...) atteints» et un «coût financier significatif». Anne RENAUT © Agence France-Presse -
Rhône : inquiétude et tensions parmi les éleveurs bovins face à un nouveau foyer de dermatose nodulaire
Saint-Laurent-de-Chamousset - La détection d’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un cheptel bovin du Rhône, à bonne distance de l'épicentre français de cette maladie animale, ravive les craintes d’une propagation plus large mais aussi les tensions entre syndicats sur l’abattage systématique des foyers infectés. Un foyer de DNC a été détecté jeudi dans un troupeau de vaches laitières du Rhône, une première pour ce département hors de la zone réglementée, a annoncé vendredi le ministère de l’Agriculture. Aucun des éleveurs à Saint-Laurent-de-Chamousset, bourgade de 2.000 habitants sur les Monts du Lyonnais où le foyer a été recensé, n’a souhaité s’exprimer auprès de l’AFP avant d’en savoir plus sur les suites données à la découverte. Les rues de la localité étaient désertes vendredi, sous un soleil de plomb. Dans les prés verdoyants des collines alentour, paissent ça et là de petits troupeaux de vaches montbéliardes. Un marché aux veaux se déroule chaque lundi dans le centre-ville, mais il est désormais suspendu. «Cela fait remonter chez moi des souvenirs terribles de la vache folle (au début des années 1990, ndlr). Trois élevages avaient été détruits en une seule nuit», se remémore Christian Ferrière, un ancien éleveur de 70 ans rencontré dans sa ferme à l’extérieur de la ville. «Je ne comprends pas pourquoi on met en place des mesures aussi traumatisantes, abattre tout un troupeau pour une seule vache qui serait contaminée», regrette-t-il. «C’est trop radical, trop inhumain, trop froid». Cela porte à 79 le nombre de foyers détectés dans 47 élevages depuis la première apparition fin juin en France de cette maladie virale non transmissible aux humains, qui conduit à des pertes de production laitière importantes et entraîne parfois la mort d’une partie du cheptel infecté. La propagation, qui se fait entre bovins infectés ou par des piqûres d’insectes, avait commencé en Savoie et Haute-Savoie, avant de toucher des communes de l’Ain. Une campagne de vaccination et de restriction drastique des mouvements dans une zone réglementée a permis selon le ministère d’endiguer sa diffusion fin août. Emotion et tensions L’abattage total et systématique des foyers infectés a toutefois causé une vive émotion et un conflit exacerbé entre syndicats sur la stratégie à adopter. L’Etat et l’alliance FNSEA-JA soutiennent cette mesure drastique quand la Coordination rurale et la Confédération paysanne, qui ont tenté de bloquer des abattages, regrettent que d’autres méthodes n’aient pas été envisagées. Le nouveau foyer a été détecté à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lyon. La zone réglementée s'étendait sur l’Ain, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, et s’arrêtait à quelques kilomètres à l’est de la métropole. Pour la Coordination rurale, ce cas illustre la nécessité de «réinterroger la stratégie» du gouvernement et «d’anticiper un protocole sanitaire adapté, moins radical que les mesures actuellement en vigueur, si la maladie devait s’y propager», selon un communiqué. «Le dépeuplement (l’abattage, NDLR) est en cours et une nouvelle zone réglementée a été définie», a indiqué vendredi le ministère, pour qui ce nouveau cas «illustre l’importance de maintenir une vigilance accrue». Le dernier foyer détecté remontait au 6 septembre, dans un troupeau avec des animaux non vaccinés malgré l’obligation dans la zone, une «négligence», selon Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA. Cela remet à zéro le compteur de 45 jours à partir desquels, sans nouveau cas, les restrictions de mouvement peuvent être levées. Le gouvernement a déjà permis, dans des conditions très strictes, des descentes d’estives. Avec les températures qui se rafraîchissent, il devient compliqué de laisser les vaches dans les pâturages en altitude. Au Salon de l'élevage qui s’est tenu de mardi à jeudi à Rennes, la Confédération paysanne a simulé mardi l’assassinat d'éleveurs sur le stand du ministère, dénonçant une stratégie «mortifère» sans prise en compte des avis vétérinaires «divergents» par rapport à la stratégie de l'État. Arnaud Rousseau a répondu mercredi lors d’une conférence que son syndicat et l'État s'étaient basés sur des expertises scientifiques, contrairement aux «épidémiologistes autoproclamés», dénonçant l’irresponsabilité des opposants aux abattages. Les éleveurs touchés, qui ont accès à des aides psychologiques et ont déjà reçu une avance de l'État pour indemniser les pertes d’animaux, espèrent aussi des aides pour les pertes indirectes et pour reconstituer leur cheptel. La région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé vendredi une «aide d’urgence», de 300 à 400 euros par bovin euthanasié. Emmanuel GIROUD avec Mathilde DUMAZET à Paris © Agence France-Presse