Le marché primaire émergent débute l’année en trombe

Après un millésime record, les émissions sur les marchés émergents pourraient encore progresser en 2022, malgré la Fed.
Xavier Diaz

La Réserve fédérale américaine, dont les minutes de la dernière réunion ont secoué les marchés après avoir révélé des discussions sur une réduction de son bilan, n’a pas empêché le marché primaire corporate émergent de bien débuter l’année. Le groupe pétrochimique Reliance Industries est même parvenu à boucler la plus importante émission en devise forte par un émetteur indien, avec 4 milliards de dollars d’obligations à 10 ans, 30 ans et 40 ans pour refinancer certaines dettes existantes et une demande de plus de 7 milliards de dollars. L’émission de 4 milliards de dollars de l’opérateur de l’aéroport de Hong Kong en quatre tranches, dont un green bond à 5 ans controversé, a attiré 11 milliards de demande, pour financer son extension.

On retrouve cette dynamique favorable sur le compartiment high yield mais de façon plus différenciée. «Toutes les régions reprennent, hormis la Chine qui est plutôt à l’arrêt en raison des difficultés du marché immobilier, note Romain Lacoste, gérant chez IVO Capital Partners. Pour le moment le ton plus restrictif de la Fed ne semble pas avoir grippé le marché primaire.»

Le marché corporate émergent a beaucoup grossi ces dernières années. «En 2021, nous avons eu un nouveau record d’émissions à 530 milliards de dollars après 500 milliards en 2020 et 2019», relève le gérant. La hausse récurrente ces dernières années a porté le marché à 2.700 milliards de dollars (investment grade et high yield). «Il y a bien sûr une ouverture de ces marchés avec de nouveaux émetteurs mais le principal moteur a été l’appétit des investisseurs internationaux pour ces dettes offrant un rendement supplémentaire avec un risque politique certes plus élevé mais un profil de risque d’émetteurs moins endettés.» L’Asie représente une part importante de ce marché (près de 60%).

«Au pire nous aurons un marché stable mais nous anticipons plutôt une nouvelle croissance en 2022 du primaire», affirme le gérant d’IVO. Les niveaux de spreads élevés (500 points de base, contre un plancher de 300 pb début 2018) permettent de compenser une éventuelle tension sur les taux. Certains émetteurs peuvent en outre être incités à refinancer leurs dettes par anticipation. «En cas de correction, consécutive à une réduction du bilan de la Fed plus agressive que prévu, on pourrait avoir de la volatilité et une fermeture temporaire du marché mais qui ne durerait pas», affirme Romain Lacoste qui n’est pas persuadé du scénario de forte correction sur la classe d’actifs cette année.

{"title":"","image":"246447»,"legend":"","credit":""}

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...