
Le Japon repousse à nouveau la hausse de la TVA
Les propos du Premier ministre japonais lors du sommet du G7 en fin de semaine dernière avait préparé le terrain. Shinzo Abe a confirmé mercredi le report de deux ans et demi de la hausse de 8% à 10% du taux de TVA. «Confrontés aux risques mondiaux, nous devons relancer entièrement le moteur des Abenomics et accentuer nos efforts pour échapper à la déflation», a-t-il déclaré durant la conférence de presse. Les inquiétudes étaient fortes sur le fait que le relèvement de la taxe initialement prévu en avril 2017 puisse avoir les mêmes conséquences qu’une hausse précédente en 2014 qui avait engendré une récession.
La croissance a certes été plutôt soutenue au premier trimestre à 1,7% en rythme annualisé, et pourrait être relevée la semaine prochaine grâce à des investissements privés plus élevés qu’anticipés, en hausse de 4,3% sur un an. Mais l’inflation reste problématique. Hors énergie et alimentation elle est ainsi retombée à 0,9% en avril après avoir atteint jusqu’à 1,3% en décembre dernier. En y incluant énergie et alimentation, elle est négative depuis mars, à -0,3% en avril.
Le report ne devrait toutefois pas suffire, et de nouvelles mesures fiscales sont attendues. «Nous mettrons en œuvre à l’automne un plan économique exhaustif et audacieux», a précisé Shinzo Abe. L’ampleur du plan et les modalités de son annonce font débat parmi les économistes, même si une majorité s’attend à un budget supplémentaire d’au moins 5.000 milliards de yens (41 milliards d’euros). L’absence de détails a toutefois été mal perçue par les investisseurs, certains craignant que les annonces n’interviennent qu'à l’automne. Le yen gagnait plus de 1% face au dollar hier en conséquence. La Banque du Japon (BoJ) achetant actuellement deux fois plus d’obligations japonaises que ce qu’émet le gouvernement, une relance fiscale, «bien qu’il ne s’agisse pas de ‘monnaie hélicoptère’ à proprement parler, est certainement ce qu’il y a de plus proche», note James Smith, économiste chez ING.
Le soutien apporté par une politique fiscale expansionniste devrait relâcher quelque peu la pression sur la BoJ pour annoncer de nouvelles mesures, ce qui explique en partie l’appréciation du yen. Mais cela offre également l’occasion à la Banque centrale d’appuyer, au contraire, l’effort du gouvernement. Daiju Aoki, économiste chez UBS, estime ainsi la probabilité de nouvelles mesures de la BoJ à deux sur cinq en juin et trois sur cinq en juillet.
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