
L’affaire GameStop fait bouger les lignes du règlement-livraison

La Deposit Trust & Clearing Corporation (DTCC), principale chambre de règlement-livraison aux Etats-Unis, a présenté mercredi une proposition qui raccourcirait d’un jour ce processus central pour le fonctionnement du marché boursier. Le règlement-livraison désigne la procédure qui rend effectif le transfert de propriété des titres échangés entre un acheteur et un vendeur. Elle intervient aujourd’hui aux Etats-Unis deux jours après la transaction, à T+2.
Vlad Tenev, le patron de l’application de courtage Robinhood, a critiqué ce délai à la suite de l’affaire GameStop, lorsque des milliers de petits porteurs avaient pris fin janvier des positions massives à l’achat sur les actions de la chaîne de magasins de jeux vidéos. Entre T et T+2, tant que la transaction n’a pas été effectivement dénouée, les intermédiaires financiers doivent en effet mettre de côté des appels de marge, une somme qui protège d’un défaut éventuel d’une des contreparties. En raison de l’explosion des volumes de transactions sur GameStop, Robinhood avait dû répondre à quelque 3 milliards de dollars d’appels de marge. Le courtier avait dû être renfloué par des fonds extérieurs et avait suspendu le trading sur certaines valeurs à partir de son application, provoquant l’ire de ses clients.
Réduire le délai de règlement-livraison à T+1 entraînerait «des économies de coûts, un risque de marché réduit et de moindres appels de marge», reconnaît Mike McClain, managing director de DTCC, dans le livre blanc publié par la chambre. Le géant américain se donne un calendrier de deux ans pour y parvenir.
En revanche, passer à un règlement en temps réel (T+0), comme l’a suggéré Vlad Tenev, constituerait «un changement très complexe de la structure de marché». Avec un système en temps réel, les intervenants perdraient le bénéfice du «netting», une opération qui consiste à compenser au sein de la chambre tous les achats et les ventes réalisés par un même intermédiaire, et qui permet de réduire de 98%, selon DTCC, les volumes de flux financiers réellement échangés. «Sans le netting, des milliers de millards de dollars en cash et en titres devraient transiter de manière continue dans le système financier tout au long de la séance, relève Mike McClain. Cela créerait des inefficiences massives de marché. »
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