La volatilité des marchés rattrape le primaire corporate

Après un début d’année très actif, le marché des émissions de dettes d’entreprises montre des signes d’essoufflement.
Xavier Diaz
La volatilité implicite et réalisée est revenue sur ses niveaux de 2007 sur les actions, les taux et les changes. Illustration Fotolia.
Le retour de la volatilité sur le marché primaire a commencé à produire ses effets.  - 

Le marché primaire corporate euro vient de réaliser l’un de ses meilleurs débuts d’année avec près de 60 milliards d’euros émis sur l’investment grade. Généralement, cette période est très active sur le marché primaire. Cette année, la forte demande des investisseurs a été attisée par les rendements offerts par les émetteurs IG (de l’ordre de 4%). Mais les émetteurs ont aussi voulu profiter d’une fenêtre de marché favorable, après une année 2022 compliquée, d’autant que les taux et les spreads se sont nettement resserrés avant de se tendre à nouveau ces dernières semaines. Même le marché high yielda rouvert ses portes avec 11,5 milliards d’euros d’émissions. C’est en ligne avec 2022. Le segment IG est lui en ligne avec 2021 mais supérieur à 2022 (50 milliards).

Lundi, le marché n’a pas faibli avec les émissions des groupes américains Air Products et AT&T pour près de 2 milliards d’euros. Les émissions de dette par des émetteurs non zone euro ont représenté en ce début d’année une part importante du marché (près de 30%). L’autre grande tendance sur le marché est l’émission de dette ESG (environnement, social et gouvernance) pour près de 40% des placements.

Mais le marché commence à montrer des signes d’essoufflement. «Les marchés primaires étaient ouverts mais n’ont pas échappé à la montée de l’aversion au risque et les volumes étaient de nouveau en baisse», relève Juan Valencia, stratégiste chez Société Générale CIB, qui note une baisse d’activité sur les financières après un mois de janvier exceptionnel. «C’est la première semaine sans activité depuis la réouverture du marché la deuxième semaine de janvier», ajoute-t-il. Les données d’inflation plus élevées que prévu, faisant craindre des banques centrales plus restrictives, ont entraîné les taux proches des niveaux extrêmes de 2022. Pour l’heure, les spreads de crédit ont peu réagi. La corrélation avec les taux ayant fortement diminué ces derniers mois selon les stratégistes de JPMorgan. Ils estiment qu’un retour des taux au plus haut de 2022 (4,5% pour le rendement 5 ans des Treasuries) pourrait être le déclencheur d’un nouvel écartement. Mais sur le marché primaire, le retour de la volatilité a déjà commencé à avoir un effet. «Il y a quelques signes d’effritement à la marge, note Matthew Bailey, stratégiste chez JPMorgan. Les ratios de couverture des livres de l’offre primaire sont tombés à 2 fois contre 3,3 fois il y a peu, avec des primes d'émission en hausse.» Les signes d’un marché qui cherche une respiration.

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