
La volatilité des marchés change la donne sur les fusions-acquisitions
Lorsqu’on évoque les financements de fusions-acquisitions (M&A), le risque d’instabilité est un thème clé. Ainsi, «la volatilité sur les matières premières, le crédit et surtout les changes est une problématique centrale en M&A», note Philippe Deneux, responsable M&A France chez Barclays Capital.
Sanofi-Aventis donne un bon exemple de l’effet induit. Fin août, lorsque le laboratoire a dévoilé son projet d’offre à 18,5 milliards de dollars sur Genzyme, cela représentait un montant de 14,6 milliards d’euros. Mais l’euro/dollar étant depuis passé de 1,2663 à 1,3764, l’opération équivaut désormais à 13,4 milliards d’euros.
A l’inverse, en mai, l’euro/dollar était à 1,2487 quand l’américain Honeywell a annoncé le rachat de 28% de Sperian et son projet d’offre dans la foulée. Or cette offre, qui lui a permis de prendre le solde du capital, s’est déroulée du 12 juillet au 2 septembre, période durant laquelle l’euro/dollar a grimpé jusqu’à 1,3280.
Idem pour News Corp et BSkyB. L’américain a proposé en juin le rachat de 61% de BSkyB pour 700 pence par action, soit 7,48 milliards de livres. Le coût en dollar pouvait être estimé à 11 milliard. Mais la glissade du dollar a depuis renchéri la facture en dollar de 8,5%, c’est-à-dire de près de 1 milliard de dollars.
Ceci dit, «ne regarder que le coût d’acquisition peut être trompeur, poursuit Philippe Deneux. Une variation de taux de change peut alléger ou alourdir la facture d’acquisition mais elle modifie aussi les prévisions de cash-flow à recevoir de la cible. L’instabilité des changes devient surtout critique au moment où vous avez un accord ferme».
Pour garantir des niveaux de change, les candidats au rachat doivent donc se couvrir. «Ces schémas de couverture complexes peuvent revêtir différentes formes selon l’horizon du deal, explique Marc Joannard Lardant, responsable du Risk Solution Group chez BarCap à Paris. Les options sur options peuvent intervenir lorsqu’il ne s’agit que d’un projet et être remplacées par des options à l’entrée en négociation. Enfin, quand l’opération se fait, il est alors possible de solder les options et de se positionner sur des forwards».
En tout cas, l’envolée récente de la volatilité, principalement sur les changes, a visiblement modifié l’approche des entreprises et de leurs conseils. «Nous traitons aujourd’hui beaucoup plus de problèmes de couverture qu’avant la crise», constate Philippe Deneux.
Plus d'articles Economie & Marchés
-
Les autorités européennes mettent S&P à l'amende
L'Autorité européenne de supervision des marchés inflige une amende de 1,1 million d'euros à l'agence de notation -
Après Credit Suisse, Deutsche Bank fait chuter les marchés en Europe
L’accalmie après le rachat de Credit Suisse a fait long feu. Les inquiétudes sur le système bancaire persistent avec le bond vendredi du CDS de Deutsche Bank. -
Gains de productivité : la zone euro est en retard sur les Etats-Unis
La tendance est à la une baisse structurelle dans tous les pays développés.
Contenu de nos partenaires
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Bras de fer
Automobile: les libéraux allemands font le forcing sur les carburants synthétiques
Le ministre des Transports menace de ne pas voter à Bruxelles l'interdiction du moteur thermique à partir de 2035 -
Tournant
Royaume-Uni: l'accord sur le protocole nord-irlandais marque-t-il la fin de la politique partisane sur le Brexit?
Les compromis consentis par l’Union européenne et le soutien de principe du Labour mettent les « Brexiter » dos au mur -
Edifiant
Politique du logement: 38 milliards pour quels résultats?
Les pouvoirs publics consacrent un budget bien supérieur à celui de la moyenne de l’Union européenne pour aider les Français à mieux se loger. Sans atteindre les effets attendus