La «prime verte» incite les entreprises à s’endetter

Compte tenu des conditions de marché, le volume d’obligations durables est en forte augmentation, ce qui ne suffit pas à combler la demande des investisseurs.
Xavier Diaz

Air Liquide pourrait émettre cette semaine sa première obligation verte. Le groupe de gaz industriel présente jusqu’à ce mardi aux investisseurs son nouveau cadre de financement durable. Il devrait émettre 500 millions à 10 ans sur ce format. A l’instar de nombreux autres sociétés, Air Liquide prend la vague des émissions vertes qui déferle depuis le début de l’année sur le marché euro.

La tendance s’accélère. Lundi, sur dix mandats d’émissions obligataires corporate, la moitié concernait des obligations durables, dont trois acteurs dans le secteur immobilier (le finlandais Kojamo, le belge Ghelamco et l’espagnol SELP) et le groupe de utilities PKN Orlen (raffinage et électricité). Ce dernier devrait être le polonais à émettre dans un format durable.

Les candidats à ces opérations émettent dans des formats durables pour le financement de projets environnementaux ou sociaux mais aussi via des sustainable-linked bonds (SLB), des obligations dont le coupon est conditionné à l’accomplissement d’objectifs d’amélioration environnementale et/ou sociale.

Depuis le début de l’année, près d’un quart des émissions sur le marché corporate euro l’ont été dans l’un de ces formats. Le marché n’a jamais été aussi actif, y compris sur le high yield. C’est aussi le cas des émetteurs américains qui viennent en force. Ils ont déjà dépassé le précédent record de 2019 avec plus de 4 milliards d’euros d’émissions depuis janvier. Les groupes Kellogg et CyrusOne (immobilier) ont placé 300 millions et 500 millions respectivement la semaine passée. Ils profitent des taux bas et de conditions de change favorables (comme pour toute obligation conventionnelle) mais surtout de la forte demande pour ce type d’émissions de la part des investisseurs.

Des investisseurs qui sont en nombre et pour lesquels l’offre de papier n’est pas suffisante. Du coup, une prime verte par rapport aux obligations conventionnelles, le greenium, qui offre un avantage de prix non négligeable à l’émetteur, s’est constituée et a augmenté au cours des derniers mois. Près de 80% des obligations émises dans l’un de ces formats traitent sur ces bases, selon les analystes crédit de Natixis. Ils estiment cette prime à 5%-7% du spread, soit 3-4 points de base (pb) pour 50 pb de spread, ce qui, sur des montants d’émission de 500 millions d’euros ou plus, représente une importante économie. L’émission de l’américain Kellogg à 8 ans a été placée sur la base d’un spread de 55 pb et un greenium de 6 pb. Un avantage qui compense le coût de structuration d’une telle émission.

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