La Grèce bénéficie de l’appétit pour la dette de la zone euro

Pour la première fois depuis la sortie de son plan d’aide, le pays a levé 2,5 milliards d’euros de titres à cinq ans, grâce à une demande supérieure à 10 milliards.
Patrick Aussannaire

La Grèce signe son grand retour sans filet sur le marché de la dette internationale. Le pays est venu hier sur le marché primaire, juste avant le vote des amendements sur le Brexit au Parlement britannique, en émettant 2,5 milliards d’euros d’obligations à cinq ans de maturité en avril 2024. Cette émission par syndication orchestrée conjointement par Bank of America Merrill Lynch, Goldman Sachs, Morgan Stanley HSBC, JPMorgan et SG CIB a réuni plus de 10 milliards d’euros de demande, permettant à la Grèce de concéder un rendement de 3,60%, inférieur à la fourchette cible, de 3,75-3,875%. Après les succès des émissions des autres pays de la zone euro au début d’année, la Grèce montre son attractivité auprès des investisseurs internationaux après la fin du programme d’aide en août 2018.

Athènes a profité d’une détente de ses rendements de 70 points de base (pb) sur le dix ans depuis fin novembre, à 3,93%, son plus bas depuis août 2018, et a limité le montant levé afin de soigner la performance des nouveaux titres sur le secondaire. «Ces derniers mois, les titres grecs ont évolué au gré des ‘spreads’ émergents, ‘high yield’ et des titres italiens. L’actualité intérieure, même la sortie du plan d’aide, a eu un effet limité sur les rendements, leur performance récente étant liée à une amélioration de l’appétit pour le risque», explique SG CIB. Après l’émission d’hier, ce sont néanmoins les titres grecs qui signaient la meilleure performance au sein de la zone euro, avec une baisse du rendement dix ans de 9 pb, qui a permis au spread face à un Bund stable de se resserrer à 375 pb et qui a tiré à la baisse le rendement italien.

Si le coussin hérité du programme d’aide permet de couvrir le service de sa dette jusqu’à 2022, le pays prévoit d’émettre 7 milliards d’euros au total cette année. «La Grèce voit la fin du programme d’aide et le retour d’un financement sur le marché comme un moyen de faire revenir les investisseurs, ce qui devrait influencer positivement les agences de notation et instaurer un cercle vertueux, comme ce fut le cas du Portugal», ajoute SG CIB. Fitch est la dernière agence à avoir relevé la note grecque, à BB- en août 2018, un et trois crans au-dessus des B+ et B- accordés par S&P et Moody’s, mais avec des perspectives positives qui pourraient les amener à la suivre les 26 avril et 1er mars. Les niveaux de dette et de PIB par habitant du pays, élevés pour la catégorie B, expliquent ces divergences de notes.

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