La course aux subventions vertes bouscule l'économie mondiale

L’Inflation Reduction Act voté par les Etats-Unis en août 2022 va contraindre l’Europe, jusqu’alors à la pointe de l’action climatique, à réagir.
Irene Lauro, économiste spécialiste de l’environnement, Schroders
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Avec ses 369 milliards de dollars d’allègements fiscaux et de subventions, l’IRA voté par les Etats-Unis devrait modifier le profil de l’industrie.  -  AdobeStock

Selon l’Agence internationale de l'énergie, la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, IRA) votée par les Etats-Unis en août 2022 est l’action climatique la plus importante qui ait suivi l’accord de Paris de 2015. Le Zero Lab de l’université de Princeton a calculé qu’elle permettra de réduire les émissions annuelles en 2030 d’un milliard de m3 supplémentaires par rapport à un scénario «sans IRA». Avec ses 369 milliards de dollars d’allègements fiscaux et de subventions pour les entreprises produisant des véhicules électriques, des batteries ou des énergies renouvelables, l’IRA devrait aussi profondément modifier le profil de l’industrie américaine et changer la donne au-delà des seuls États-Unis.

Cette loi va inciter des entreprises mondiales du secteur des énergies vertes à s’installer sur le sol américain, ce qui stimulera l’emploi dans le pays et attirera davantage de capitaux. Elle représente donc un risque majeur pour l’industrie des technologies vertes de l’Union européenne, où les subventions en faveur de l'écologie sont plus faibles et où les factures énergétiques sont plus élevées qu’aux États-Unis.

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Une réponse difficile à mettre en oeuvre

L’UE a été jusqu’à présent à la pointe de l’action et de la réglementation en matière de climat : elle applique l’un des prix du carbone les plus élevés au niveau mondial et s’apprête à mettre en œuvre la première taxe carbone aux frontières du monde. L’IRA la contraint à réagir pour protéger son leadership. La future loi sur l’industrie «net zéro» annoncée en janvier 2023 par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est un début de réponse, tout comme le futur règlement sur l’approvisionnement en matières premières critiques.

Mais la réponse européenne à l’IRA s’annonce compliquée. Contrairement aux États-Unis, l’UE n’a pas d’union budgétaire. La capacité fiscale est principalement entre les mains des États membres. Or, certains pays disposent d’une plus grande marge de manœuvre que d’autres et un assouplissement des règles en matière de subventions pourrait entraîner une concurrence déloyale au sein du marché unique. Cependant, nous pensons que, d’un point de vue macroéconomique, le bloc n’a pas besoin de mobiliser la même somme d’argent que les USA pour renforcer sa capacité en matière d'énergie propre.

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