
La Chine et le Japon défendent leurs monnaies face au dollar

La bonne santé relative de l’économie américaine commence à poser un problème aux devises asiatiques. A tel point que les dirigeants chinois et japonais ont décidé d’intervenir, chacun à leur manière, pour limiter l’affaiblissement de leurs monnaies respectives.
A Pékin, la Banque populaire de Chine a fixé ce 6 septembre le point d’ancrage autour duquel la parité avec le dollar peut fluctuer de plus ou moins 2% à 7,1969 yuans pour un dollar. Or, ce niveau valorise bien plus chèrement la devise chinoise que ce qui était prévu par les analystes. La différence avec l’estimation de Reuters, de 11 points de base, est même la deuxième plus importante enregistrée. Le taux de change sur le marché spot onshore est lui ressorti ces derniers jours autour de 7,32 yuans le dollar, un niveau qui n’avait plus été observé depuis fin 2007.
La banque centrale chinoise semble aussi aidée dans son contrôle de la monnaie par plusieurs grandes banques commerciales détenues par l’Etat, qui ont activement vendu du dollar sur le marché domestique pour limiter la baisse du yuan en interne et racheté celui-ci sur les marchés internationaux afin d’augmenter le coût d’une stratégie short sur la devise chinoise, selon Reuters.
A Tokyo, le même jour, les autorités ont à deux reprises déclaré qu’elles envisageaient toutes les options pour lutter contre les mouvements «spéculatifs» contre sa devise, la monnaie japonaise étant passée de 145,5 à 147,5 yens pour un dollar en six jours. «En examinant les mouvements sous-jacents, on peut observer des actions spéculatives ou des activités qui ne sont pas explicables par les fondamentaux», a expliqué à la presse Masato Kanda, le vice-ministre des Finances chargé des affaires internationales. Quelques heures plus tard, Hirokazu Matsuno, le secrétaire général du Cabinet, chargé du porte-parolat du gouvernement, a expliqué que le gouvernement prendrait toute mesure nécessaire pour empêcher la volatilité excessive sur le yen.
Le renforcement des fondamentaux macroéconomiques reste clé
Les deux principales économies asiatiques ont un temps profité de l’affaiblissement de leurs devises face au billet vert pour dynamiser leurs exportations. Mais la chute pourrait continuer au-delà des niveaux acceptables par ces gouvernements, en raison du large différentiel de rendement entre les taux américains et ceux de la Chine et du Japon, qui pousse les investisseurs domestiques à acheter du dollar.
«Bien que nous soyons toujours d’avis que les rendements américains baisseront à long terme, nous reconnaissons le risque qu’au cours des prochains mois, les rendements américains restent soutenus en raison des remboursements du Trésor américain et de la résistance des données américaines. Compte tenu du risque que cette divergence se poursuive à court terme, nous prévoyons que [la parité dollar-renminbi] pourrait remonter à 7,4 à court terme», note la recherche d’UBS.
Dans ce cadre, la défense de la parité semble n’être qu’un sparadrap court-termiste, quand les problématiques de la Chine et du Japon semblent bien plus profondes. «La [Banque populaire de Chine] a réussi à freiner la dépréciation de sa devise sur le court terme, mais un changement de tendance soutenable requiert une amélioration significative des perspectives macroéconomiques permettant un retour des flux de capitaux dans le pays», écrivaient en début de semaine les stratégistes d’Ostrum AM.
Malgré les vives inquiétudes concernant la santé de son économie, et l’absence d’enthousiasme autour de son programme de relance, le Premier ministre chinois Li Qiang a déclaré ce mercredi que son pays devrait bien atteindre son objectif de croissance de 5% pour 2023. Les économistes attendent, eux, la publication demain des données sur le commerce extérieur pour août, après une baisse de -14,5% des exportations au mois de juillet
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