
La baisse des prix de l’immobilier accélère en Europe du Nord

Les Britanniques baissent leurs prétentions pour le marché immobilier au rythme le plus élevé depuis quatre ans. La moyenne des prix demandés a diminué de 2,1% en décembre, deux fois plus qu’en octobre, selon les données du site de recherche immobilière Rightmove. Ce dernier précise que le mois de décembre est propice à ces baisses, les propriétaires souhaitant vendre avant la fin de l’année, mais ce recul est supérieur à la normale.
La forte hausse des coûts des prêts immobiliers, alors que la Banque d’Angleterre a nettement resserré sa politique monétaire face à l’inflation, pèse sur le marché dans un pays où une grande partie des emprunts est à taux variable. La forte inflation et la récession pèse également sur le moral des acquéreurs.
La semaine passée, Halifax a annoncé une baisse de 2,3% en rythme annuel des prix des logements en novembre, après -0,4% en octobre, confirmant les données d’autres prêteurs. En rythme annuel, la hausse des prix a quasiment été divisée par deux à 4,7%. Les analystes d’Halifax ont décrit cette baisse comme «le reflet de la pire volatilité du marché des derniers mois». Le site Rightmove anticipe une poursuite de la baisse des prix en 2023 de l’ordre de 2%. Les spécialistes de ce marché, interrogés par Reuters, voient un repli de 5% après le bond de 24% depuis début 2020.
Alerte sur la Suède
Le Royaume-Uni n’est pas le seul marché immobilier en crise. Au Canada, les prix ont déjà chuté de 10%. La situation est également extrêmement délicate en Nouvelle-Zélande et en Australie, alors qu’une dizaine d’autres marchés sont aussi tendus et en passe de craquer.
Mais c’est en Suède que le risque est aujourd’hui le plus élevé, avec in-fine potentiellement des conséquences pour l’économie et pour les banques locales. Les prix y ont déjà chuté de 12% depuis leur pic cette année, et même de 15% en termes réels.
La semaine passée, l’association des promoteurs Svenk Maklarstistik a annoncé une baisse de 12% pour les appartements et de 13% pour les maisons en novembre. Sur un mois les prix ont diminué de 1% et de 3% respectivement et de 7% et 8% sur un an. Certains économistes anticipent un décrochage de 20% d’ici le milieu de l’année prochaine alors que ce marché est confronté à une forte inflation, qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, et à la hausse des coûts d’emprunts (le coût moyen a plus que triplé cette année). Une grande majorité des prêts est là aussi à taux variable. C’est le cas de la banque centrale suédoise qui a averti vendredi dans son rapport de stabilité financière sur ce risque après des années de forte hausse des prix immobilier dans un contexte de taux bas et d’abondantes liquidités. «Au fil du temps, d’importantes vulnérabilités se sont accumulées dans le système financier suédois, a indiqué la Riksbank. Cela concerne principalement l’exposition des banques aux foncières commerciales très endettées, mais aussi le niveau élevé d’endettement des ménages. Les tensions sur de nombreux acteurs du marché dans le système financier sont désormais claires.»
Les prix pourraient reculer de 10% supplémentaires si la banque centrale suédoise porte ses taux de 2,5% actuellement (après une dernière hausse de 75 points de base) à 4,5% comme l’anticipe le marché. Mais le gros risque pour les banques nordiques se situe dans l’immobilier commercial avec entre 16% et 36% des prêts accordés. Plusieurs foncières établies en Europe du Nord ont montré cette année leurs vulnérabilités face à la hausse des taux et à la détérioration de la conjoncture qui limitent leur capacité à se refinancer.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse