
Euronext est victime sur internet d’un faux Stéphane Boujnah

C’est une affaire cocasse, quoique très sérieuse au regard du préjudice subi, qu’a examinée, le 20 juillet dernier, le centre de médiation et d’arbitrage de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Celui-ci arbitre, entre autres litiges, ceux liés aux noms de domaine sur internet.
Selon un document publié début août et consulté par L’Agefi, l’institution a dû trancher entre l’opérateur boursier paneuropéen Euronext et un certain… Stéphane Boujnah. Non pas le directeur général d’Euronext mais un faux Stéphane Boujnah. L’individu a usurpé l’identité du dirigeant d’Euronext et la marque Euronext elle-même en enregistrant en date du 9 mai le nom de domaine euronext-fund.com. En tant que propriétaire de la marque Euronext et ses dérivés, l’opérateur boursier n’a pas mis longtemps à réagir en transmettant sa plainte le 27 mai au centre de médiation et d’arbitrage de l’OMPI.
Entretemps, en utilisant le nom de domaine euronext-fund.com, le faux Stéphane Boujnah met en place le site internet d’une société baptisée Euronext Fund. Celle-ci se présente comme « une plateforme d’investissement intégrée dont l’engagement en faveur de la transition des investissements se traduit par des actions concrètes dans le but de satisfaire les besoins humains fondamentaux grâce aux ressources naturelles et aux technologies modernes ». Une description fumeuse aux relents environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) assez éloignée toutefois de la mission portée par le vrai Euronext.
Le faux Stéphane Boujnah utilise les noms et les photographies officielles des vrais membres du directoire et d’autres directeurs seniors d’Euronext, les faisant passer pour les propriétaires du fonds Euronext Fund. Il va même jusqu’à répertorier les adresses, réelles, des filiales française et irlandaise d’Euronext et à utiliser un logo très ressemblant à celui de l’opérateur boursier pour apporter une touche de crédibilité supplémentaire à son site. L’histoire ne dit pas dans quels instruments financiers le fonds d’Euronext Fund proposait d’investir pour « satisfaire les besoins humains fondamentaux » puisque lors de la réception de la plainte, le site avait déjà été suspendu.
La finance et les banques, premières cibles
De toute évidence, pour le centre de médiation et d’arbitrage de l’OMPI, le faux Stéphane Boujnah, qui n’a pas répondu à ses sollicitations, ne pouvait pas ne pas être au courant des activités et de la renommée d’Euronext au moment de la création du site. Autre évidence pour les panélistes de l’OMPI, la confusion entretenue par le site avec Euronext était intentionnelle avec l’objectif de réaliser un gain hypothétique. Par conséquent, l’organisme a transféré la propriété du nom de domaine euronext-fund.com à Euronext, qui n’a, pour l’instant, pas prévu de s’en servir.
L’an dernier, Brian Beckham, responsable de la section du règlement des litiges relatifs à internet au sein de l’OMPI, indiquait à L’Agefi que le secteur bancaire et financier avait été le plus ciblé en 2020. Il cumulait 384 plaintes sur 4.204 recensées, soit environ 9% des cas, devant les secteurs de la pharmarcie/biotech et des technologies de l’information. Amundi, société de gestion de portefeuille du Crédit Agricole, avait par exemple récupéré un nom de domaine incluant sa marque en Mauritanie qui renvoyait vers une plateforme proposant des services privés de collecte d’ordures aux résidents parisiens.
Plus d'articles Opérateurs de marché
-
Euronext relance une phase de développement pour ses marchés actions
Grâce à Borsa Italiana, l’opérateur pourra relancer un service «dark» et connecter à ses marchés transparents sa plateforme alternative permettant de négocier des valeurs non nationales ou américaines. -
La Bourse Artex réalisera sa première cotation avec une œuvre de Francis Bacon
La plateforme, régulée au Liechtenstein, avait présenté son système de cotation des œuvres d’art en janvier dernier. -
L’opérateur CBOE veut se lancer sur les introductions en Bourse européennes
L’acteur américain, plutôt alternatif en Europe, souhaite venir concurrencer les ténors européens – LSE, Euronext et Deutsche Börse – sur les IPO.
Sujets d'actualité
Contenu de nos partenaires
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Risque climatique : les eurodéputés doivent faire des plans de transition un pilier de la gestion du risque
- Axa modifie son équipe de direction en amont d'un futur plan stratégique
- Pour démocratiser l’accès au private equity, n’oublions pas l’épargne salariale !
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
- La Société Générale présentera sa nouvelle feuille de route stratégique le 18 septembre
- Les gros dossiers de LBO attendent des jours meilleurs
-
#DigitalCitizen
«Pour un récit positif de l’intelligence artificielle» – la chronique de David Lacombled
Face à l'accélération du développement des technologies, tout en affirmant ses valeurs, l’Europe se doit d’afficher une ambition au-delà du seul contrôle de ses acteurs -
Prévoyance est mère de sûreté
Agriculture: trois risques à surveiller ces prochaines années
La conférence Nourrir la Planète, organisée ce mardi par l'Opinion, a permis d'aborder les grands enjeux des prochaines années, mais aussi de faire le point sur les risques qui semblent aujourd'hui émerger -
«Monter en puissance»
Harcèlement scolaire: «Nous allons mettre des moyens supplémentaires», assure Pap Ndiaye
Après avoir reçu, lundi, les parents de Lindsay, une adolescente qui s’est suicidée le mois dernier après avoir été victime de harcèlement scolaire, le ministre de l’Education nationale a annoncé ce mardi sur franceinfo que «des moyens supplémentaires» vont être mis en place pour lutter contre ce fléau