
Eurazeo fait grossir son trésor de guerre

Une page se tourne: après dix ans au capital de Rexel, Eurazeo a annoncé hier avoir vendu les derniers titres qu’il détenait dans l’entreprise. L’opération (menée via le holding Ray Investment détenu par Eurazeo) a porté sur 7,13% du capital du distributeur de matériel électrique (soit 20,9 millions d’actions), pour un montant brut de 321 millions d’euros.
Le titre a trouvé preneur auprès d’investisseurs institutionnels dans le cadre d’un placement accéléré, au prix unitaire de 15,35 euros. Soit une légère décote par rapport au dernier cours coté (15,87 euros). Le prix obtenu est le plus bas des six placements effectués depuis le 2 mars 2012.
«En deux ans et demi, Ray Investment aura été capable de placer en Bourse 62,5% du capital de Rexel. Jusqu’au placement d’hier, il était toujours parvenu à vendre à un meilleur prix que le placement précédent», note Christian Devismes, analyste chez CM-CIC Securities. Son avant-dernier placement, en date du 3 avril, a été réalisé à 18,85 euros par action. Mais Rexel a publié des résultats semestriels jugé décevants par certains analystes.
Toutefois, même au cours actuel, ses multiples restent supérieurs à sa moyenne historique. «Au cours de la période d’investissement, Eurazeo aura réalisé un multiple de près de 2,3 fois son investissement initial», indique la société d’investissement cotée dans son communiqué.
Rexel était la participation d’Eurazeo la plus mûre; cette opération n’est donc pas une surprise. Elle a pour conséquence de renforcer la trésorerie de la holding, qui atteint désormais 700 millions d’euros, contre 363 millions au 18 août. «Ce qui laisse entrevoir de nouvelles acquisitions, le management reconnaissant un deal flow ‘riche et actif’», indiquent les analystes d’Oddo. Les 700 millions ne comprennent toutefois pas la sortie de cash prévue au moment de la conclusion de l’acquisition de Colisée Patrimoine, d’ici à début octobre.
L’opération accroît également la possibilité pour Eurazeo de mener un autre objectif, tout aussi prioritaire: le soutien de son cours de Bourse, dont la décote par rapport à son actif net réévalué (-43% fin août) apparaissait «insupportable» à son président Patrick Sayer.
Eurazeo devrait par ailleurs continuer à renforcer ses moyens dans les trimestres qui viennent, grâce aux introductions en Bourse prévues d’Elis (cet automne) et d’Europcar (début 2015). A la réserve près qu’il s’agit d’IPO primaires: Eurazeo devra conserver au départ une participation importante dans ces entreprises.
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Paris - Pour dénoncer la montée d’un climat xénophobe en France, le député de Guadeloupe Olivier Serva a décidé de devenir binational: il a acquis la citoyenneté béninoise profitant d’une loi votée dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pour les descendants d’esclaves. Depuis 2024, le Bénin permet à toute personne ayant un ancêtre africain déporté durant la traite transatlantique la possibilité d’acquérir sa nationalité. Ses côtes furent l’une des plaques tournantes du commerce triangulaire organisé par les puissances européennes. Plusieurs Afro-descendants ont déjà pu bénéficier de cette loi, dont des célébrités, comme la chanteuse américaine de R’n’b Ciara. A 51 ans, Olivier Serva a également souhaité prendre la nationalité béninoise, après avoir foulé pour la première fois le sol de ce pays en janvier, comme il l’explique à l’AFP. Le Bénin recouvre une partie de l’ancien plateau du Dahomey d’où une partie de ses ancêtres sont originaires: son ascendance a pu être établie grâce à des tests génétiques et des recherches généalogiques. Sur place, l'élu s'émerveille d’un «pays en chantier avec un potentiel incroyable», où persiste certes de la pauvreté mais résolument «tourné vers l’avenir». Face au palais présidentiel à Cotonou, où trône désormais une statue en bronze de plus de 30 mètres représentant une amazone, ces femmes guerrières qui ont combattu les troupes coloniales françaises au XIXème siècle, le député dit avoir été profondément ému. «Porte du Non-Retour» Mais bien plus encore, lorsqu’il parcourt à Ouidah (ville côtière du Bénin) et la «route des esclaves», qui conduit jusqu'à la Porte du Non-Retour, une structure en béton et bronze qui commémore la déportation des esclaves. Sur ces quatre kilomètres, plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants furent conduits, souvent pieds nus et enchaînés, vers les bateaux négriers qui les emportaient dans un exil sans retour. «Penser que vos aïeux sont passés par là, j’en suis sorti bouleversé.» De retour en France, le député qui siège à l’Assemblée nationale depuis 2017, d’abord sur les bancs macronistes puis sur ceux du groupe Liot (centre), se heurte à la montée d’un climat xénophobe. «Français de papiers», «submersion migratoire»... Olivier Serva dresse la longue liste «des mots ou propos racistes qui ne disent pas leur nom» entretenus notamment, accuse-t-il, par le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. «La France doute, et il faut trouver un bouc émissaire. L'étranger est tout trouvé, tout désigné», regrette l'élu. Pour certains, «les supposés maux de la France viendraient des Africains, ce que je trouve tout à fait injuste lorsque l’on se penche sur notre histoire», explique Olivier Serva qui a co-fondé un petit parti centriste Utiles, émanation du groupe Liot. «En tant que député français, je veux affirmer avec fierté à mes homologues députés d’abord, mais à la France en général, que je suis fier aussi d'être Africain». C’est l’une des raisons pour lesquelles «j’ai décidé de demander la nationalité», obtenue le 21 mai par décret signé de la main du président béninois Patrice Talon. Spike Lee, ambassadeur Depuis sa première élection en 2016, Patrice Talon a fait du tourisme mémoriel et du renforcement des liens avec la diaspora africaine et des Afro-descendants l’un des leviers de sa politique économique, à l’instar du Ghana, son voisin anglophone. Il a ainsi nommé en juillet le réalisateur américain Spike Lee et sa femme, la productrice et avocate Tonya Lewis Lee, «ambassadeurs thématiques de la République du Bénin auprès de la diaspora Afro-descendante des Etats-Unis d’Amérique». La modernisation du Bénin s’est aussi accompagnée d’un virage autoritaire, ses principaux opposants sont désormais en exil ou en prison. Interrogé sur ce recul démocratique, Olivier Serva répond: «Ce n’est pas ce que j’ai vu (...) J’ai plutôt vu un Président Patrice Talon qui a fait deux mandats, qui ne se représente pas en 2026 et ne s’accroche pas au pouvoir». Un proche de M. Talon, son ministre de l’Economie Romuald Wadagni, sera alors le candidat de la coalition au pouvoir pour la présidentielle. Camille MALPLAT © Agence France-Presse -
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