Deux cadres de la Société Générale sont poursuivis aux Etats-Unis pour manipulation du Libor

Les deux employés auraient demandé à leurs subordonnés de fournir un taux sous-évalué pour éviter des «dommages anticipés sur la réputation» de la banque.
Bastien Bouchaud
Société Génerale

En dépit de la mort annoncée du Libor, les scandales de manipulation du taux interbancaire londonien continuent. Hier soir, le département de la Justice américain a annoncé la mise en accusation de deux cadres de la Société Générale pour leur rôle supposé dans une nouvelle affaire de manipulation du Libor. Danielle Sindzingre, 54 ans, en charge de la trésorerie de la banque au niveau mondial au moment des faits, et Muriel Bescond, 49 ans, alors à la tête de la trésorerie pour la France, sont toutes deux accusées d’avoir conspiré pour transmettre de fausses informations de marché ayant une influence sur des titres, notamment des contrats à terme sur l’Eurodollar échangés sur le Chicago Mercantile Exchange, et de quatre cas de transmission de fausses informations.

«Les allégations de la mise en accusation suggèrent un mépris total et complet pour l’intégrité des marchés financiers et pour les consommateurs innocents et les gens ordinaires dont les finances personnelles dépendent des taux d’intérêt qu’ils payent sur leurs prêts, a déclaré le procureur fédéral intérimaire Kenneth Blanco. Des affaires comme celle-ci démontrent le rôle crucial du département pour protéger les gens et leur argent durement gagné, pour sécuriser nos marchés financiers afin de favoriser la croissance économique et pour combattre le crime en col blanc afin de protéger notre nation des acteurs malveillants, quel que soit leur lieu de résidence.»

Les deux cadres auraient conspiré avec au moins cinq autres individus, non nommés par la justice, dont un trader au bureau londonien de la Société Générale, et trois autres traders à Paris. Entre approximativement mai 2010 et octobre 2011, Danielle Sindzingre et Muriel Bescond auraient ordonné à leurs subordonnés de transmettre des taux Libor sous-évalués lors de la fixation quotidienne du taux, et ce afin de laisser penser que la banque pouvait emprunter à des taux moins élevés que ce qui était le cas. L’objectif était d’éviter des «dommages anticipés sur la réputation» de la banque, d’après la justice américaine, si celle-ci avait honnêtement rapporté les taux d’intérêt auxquels elle pouvait emprunter. Le préjudice estimé s’élève à 170 millions de dollars. La Société Générale a rejoint en février 2009 le panel de banques contribuant à la fixation du taux Libor en dollars.

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